Bernard Cazeneuve appelle gouvernement et parlementaires à trouver un «compromis», au risque d'une «crise de régime»

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L'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve a averti que censurer le gouvernement de Michel Barnier représenterait un "grand saut dans l'inconnu" et risquerait de déclencher une "crise de régime". Dans un entretien accordé à l'AFP, il souligne les dangers d'une instabilité politique en cas de renversement du gouvernement actuel et plaide pour un compromis au Parlement.

Censurer le gouvernement Barnier serait "prendre le risque d'un grand saut dans l'inconnu" et "dans une crise de régime", estime l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui appelle le gouvernement et les parlementaires à trouver "un compromis" sur le budget.

Dans un entretien vendredi à l'AFP, Bernard Cazeneuve dit refuser "de spéculer" sur l'hypothèse d'une chute du gouvernement de Michel Barnier. Interrogé pour savoir s'il se "préparait" à prendre le relais, Bernard Cazeneuve répond: "Je ne suis pas du tout dans cet état d'esprit", alors que certains le verraient bien être le recours si le gouvernement actuel était censuré.

Appel à un compromis parlementaire pour surmonter les désaccords

"S'il y avait une censure du gouvernement, combien de temps durerait le suivant? Personne ne le sait, et personne ne sait comment on résoudrait les problèmes urgents", ajoute-t-il, en évoquant "un processus d'affaissement institutionnel, un décrochage dans l'industrie, une crise agricole qui couve, une situation internationale explosive, l'affaiblissement de l'Europe et un risque sur les marchés".

"La situation est d'une extrême gravité, il faut bien intégrer le fait que renverser le gouvernement Barnier aujourd'hui c'est prendre le risque d'un grand saut dans une crise de régime", a-t-il averti, appelant "l'ensemble des forces politiques du Front républicain" à être "suffisamment lucides pour se rassembler".

Selon lui, le gouvernement doit "relancer le dialogue avec les forces politiques constituées au Parlement pour que les désaccords s'aplanissent et que les forces parlementaires qui ont participé à la discussion budgétaire puissent avoir, sur un certain nombre de sujets, un compromis avec le gouvernement, s'il est possible".

"Ensuite, si cela ne se produit pas, on verra quel est le contexte politique, quels sont les comportements, quelles sont les connexions possibles, mais évoquer ce sujet aujourd'hui, c'est précipiter la crise, je ne le souhaite pas", a ajouté l'ancien Premier ministre.

L'option des élections anticipées: une menace pour la stabilité

Pour Bernard Cazeneuve, des élections législatives à l'été 2025 ou une élection présidentielle anticipée, évoquée notamment par Jean-Luc Mélenchon ne sont "pas souhaitables" car elles pourraient "aboutir à la confrontation des populismes".

"Ce qui est souhaitable, c'est qu'on arrive à trouver un compromis parlementaire autour de quelques priorités, qui permettent d'aller jusqu'à la fin du quinquennat, en répondant aux urgences", a-t-il argumenté.

Il affirme qu'il n'y a "aucune solution certaine de substitution" au gouvernement Barnier, et "ne pense pas que la chute du gouvernement Barnier aboutisse mécaniquement à un gouvernement Cazeneuve, ni à un gouvernement Bertrand, ni à un gouvernement de centre gauche. Ce n'est pas automatique. Le risque le plus grand c'est celui d'une grande confusion".