Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a épinglé dimanche les pays européens "qui n'ont accueilli aucun migrant", notamment la Pologne et la Hongrie, tout en reconnaissant que l'Europe avait "abandonné l'Italie de 2015 à 2017", lors de l'émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI. Un mini-sommet européen se tient dimanche à Bruxelles sur les migrations, en préambule du Conseil européen des 28 et 29 juin. Les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie), très hostiles aux migrants, ont exclu d'y participer.
"Une crise politique". "Cette crise dans le fond, ce n'est pas une crise migratoire, c'est une crise politique, c'est de savoir ce que les Etats européens veulent comme solution. Il y a la solution française, allemande, qui dit qu'il faut une vraie politique migratoire européenne, et puis il y a ceux qui disent, on va arriver à se défendre tout seuls, on va mettre des barbelés, des protections", a-t-il dénoncé. "Il y a des Etats en Europe qui n'ont accueilli aucun migrant, il faut que nous ayons des règles communes. Il ne peut pas y avoir de solidarité à sens unique", a martelé le ministre.
"La France prend sa part". Bruno Le Maire a notamment déclaré que "la Pologne touche plus de 7 milliards d'euros d'aides nettes de l'Europe. C'est très bien de prendre les aides, qui permettent à la Pologne, la Hongrie, de se développer, mais on ne peut pas bénéficier de ces aides, et de l'autre côté, quand on vous dit, 'il faut que vous aussi vous accueilliez un certain nombre de demandeurs d'asile', on vous répond 'non'". Le ministre a souligné que "la France a accueilli près de 100.000 demandeurs d'asile l'an dernier. La France prend toute sa part dans la gestion de la crise migratoire, elle accorde l'asile, et d'autres Etats européens ne le font pas".
Rome "abandonnée" par l'UE. Il a par ailleurs admis que l'UE "a laissé l'Italie toute seule. Oui l'Europe a abandonné l'Italie de 2015 à 2017, il y avait des afflux de migrants en nombre beaucoup plus important qu'aujourd'hui, et nous n'avons pas fait preuve de la solidarité nécessaire, nous n'avons pas apporté, nous Européens, les réponses nécessaires". "Pourquoi est-ce que la Ligue a fait des résultats aussi importants (aux élections législatives qui l'ont amenées au pouvoir dans une coalition avec le mouvement anti-système et eurosceptique Cinq étoiles, ndlr), pourquoi nous avons cette situation politique en Italie ? C'est la réponse au délaissement européen", a-t-il poursuivi.