Dans l'isoloir, Stéphanie n'a jamais hésité. Jospin, Royal, Hollande : cette Parisienne de 32 ans a toujours voté socialiste. Mais pour 2017, elle a déjà intégré la défaite. Et donc décidé d'aller voter à la primaire de la droite, les 20 et 27 novembre prochains.
Tout sauf Sarkozy. "L'idée, c'est de choisir son candidat pour le second tour", explique-t-elle avec aplomb. "Et comme on sait que le candidat PS ne sera certainement pas retenu, [je veux] prendre parti tout de suite pour Alain Juppé et faire en sorte de barrer la route à Nicolas Sarkozy parce qu'il ne correspond pas aux valeurs intéressantes qu'on a envie de développer pendant la campagne." Échapper à un second tour Nicolas Sarkozy-Marine Le Pen, voilà l'objectif de ces électeurs de gauche qui voteront pour départager les candidats de droite. Cela leur en coûtera deux euros et la signature d'une charte disant qu'ils adhèrent aux valeurs de la droite et du centre.
"Ces électeurs vont se renier". Selon le député LR Georges Fenech, c'est précisément ce point qui limitera le phénomène. "Ces électeurs de gauche vont se renier", estime l'élu du Rhône. Tous les politiques partagent en réalité la même analyse : c'est le peuple de droite qui donnera la tendance. Mais si deux candidats sont au coude-à-coude, ce que semblent montrer les derniers sondages avec Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, alors ces électeurs de gauche pourraient faire pencher la balance.
"Coup d'État socialiste". Et cela ne plaît absolument pas à certains à droite, qui accusent la gauche de "voler" le scrutin pré-présidentiel. La Droite forte, courant créé en 2012 au sein de ce qui s'appelait encore l'UMP à l'époque, a ainsi lancé une pétition pour demander à ce que la primaire ne soit pas "accaparée" par le camp d'en face. "Nous devons refuser cette manipulation, véritable coup d'État socialiste !", écrivent ses membres sur leur site internet.