Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a vivement critiqué mercredi la "clause Molière", mesure qui vise à imposer le français sur les chantiers dans certaines régions mais qui s'apparente selon lui à "une clause Tartuffe" dont les promoteurs visent "à tirer profit électoral".
Une mesure "ouvertement discriminatoire". "Derrière la 'clause Molière', c'est la clause Tartuffe dont il faut se méfier", a estimé le chef du gouvernement, convoquant le célèbre personnage hypocrite de Molière pour dénoncer une "mesure ouvertement discriminatoire", lors d'un discours devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese).
Dans ce discours consacré au dialogue social et à la langue française, le Premier ministre a estimé que la mesure controversée serait "infailliblement condamnée" par "n'importe quel tribunal" car elle vise à "faire obstacle à la concurrence d'entreprises étrangères faisant appel à des travailleurs détachés".
"Je crois donc être bien placé pour vous dire que l'on peut, en cette matière, lutter contre les fraudes et contre les excès sans prendre, au mépris du droit, en contravention avec l'État de droit et parfois par pur calcul électoraliste, des mesures ouvertement discriminatoires à l'égard d'entreprises étrangères et qui seront infailliblement condamnées comme telles par n'importe quel tribunal", a-t-il notamment affirmé dans une longue tirade contre la clause dite "Molière".
Adoptée dans plusieurs régions. Plusieurs régions principalement de droite (Ile-de-France, Hauts-de-France, Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes...), des villes (Montfermeil, Chalon-sur-Saône) ou départements (Haut-Rhin, Charente) ont décidé d'imposer l'usage du français sur les chantiers dont ils sont maîtres d'oeuvre. Les Alpes-Maritimes devraient suivre prochainement.
Les élus qui prennent ces décisions "ne font pas mystère de ce que ces clauses ne sont pas inspirées par l'amour de notre langue, mais par l'objectif de faire obstacle à la concurrence d'entreprises étrangères faisant appel à des travailleurs détachés.