Après un report de dix jours en raison de l'incendie de Notre-Dame de Paris, Emmanuel Macron présentera ses conclusions au "grand débat national" jeudi, lors d'une conférence de presse à 18 heures, la première de son quinquennat. Selon Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po, président de la société MCBG Conseil, il s'agit avec cet exercice de renouer une relation devenue tendue avec la presse.
Un exercice de communication avant tout
Tous les spécialistes s'accordent à dire qu'il n'y aura pas d'annonces fortes du président lors de cette présentation. Les principales mesures, comme une fiscalité allégée pour les classes moyennes ou encore la suppression de l'ENA, ont déjà fuité dans la presse dès le lendemain de son allocution annulée. Ce qui se joue jeudi soir est plutôt un exercice de reconquête. "La relation avec la presse est extrêmement tendue. Le problème d'En Marche est qu'ils considèrent la presse comme un obstacle dans la course au progrès", observe Philippe Moreau-Chevrolet au micro de Pierre de Vilno. "Mais Macron est isolé, donc il a aussi besoin de tendre la main."
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"Mais comme Emmanuel Macron a pris beaucoup de plaisir au 'grand débat', on peut espérer qu'il en prendra autant à répondre aux questions de la presse, ce qui lui permettra de crever un certain nombre d'abcès", suppose le spécialiste, qui estime que le président "peut s'en sortir face à la presse car il aime la contradiction. Il aime l'exercice, qui va être très préparé."
La presse va essayer de renouer "un dialogue un peu plus normal avec l'Élysée"
Et du côté de la presse aussi, cette conférence de presse est très attendue. "Personne ne va le démolir. Tout le monde est là aussi pour renouer un dialogue un peu plus normal avec l'Élysée." Néanmoins, durant cet échange qui doit durer deux heures, Philippe Moreau-Chevrolet prévoit que le président va devoir répondre à des questions "embarrassantes comme l'affaire Benalla, les problèmes dans sa majorité…"
En renouant le dialogue, Emmanuel Macron peut aussi tenter de modifier son image personnelle. "Son caractère autoritaire, un peu cassant, est une grosse erreur stratégique du début du quinquennat. Comme on avait un jeune président, on l'a placé directement au sommet et il ne parlait plus aux Français et ça a été un désastre", rappelle-t-il. En allant à leur rencontre, puis désormais à celle des journalistes, Emmanuel Macron entend contrebalancer son image de "Jupiter".