"Macron ? Ras-le-bol !" lançait Martine Aubry en septembre dernier. Ces derniers jours, l'Elysée n'est pas loin de dire la même chose de Laurent Fabius. Celui qui, jusqu'à jeudi dernier, était encore ministre des Affaires étrangères, vient de quitter le gouvernement pour aller présider le Conseil constitutionnel. Mais il a demandé à conserver la présidence de la COP21 et un bureau au Quai d'Orsay. Des exigences que François Hollande n'est pas prêt à satisfaire.
L'attitude de Fabius fustigée en haut lieu. A l'Elysée, l'attitude de Laurent Fabius ces derniers jours n'a pas été appréciée. Non seulement l'ancien ministre des Affaires étrangères a fait courir le bruit qu'il avait l'autorisation présidentielle pour cumuler le Conseil constitutionnel et la COP21, mais il a annoncé lui-même sa nomination chez les Sages mercredi dernier, lors d'un petit-déjeuner avec des journalistes, quelques heures avant le communiqué officiel de François Hollande. Un court-circuitage pour le moins inélégant.
Céder la place à Ségolène Royal. Laurent Fabius, qui a joué un rôle moteur dans la conclusion de l'accord de Paris, se voyait déjà à New York, au siège de l'ONU, en avril, pour la grande cérémonie de signatures. Au lieu de quoi, il regardera à la télévision Ségolène Royal, devenue ministre "chargée des Relations internationales sur le climat" lors du remaniement, accueillir les grands de ce monde à sa place. De fait, avant d'accéder au Conseil constitutionnel, il lui faudra passer devant les commissions de l'Assemblée nationale et du Sénat, qui exigeront qu'il renonce à la présidence de la COP21. Et ses pairs chez les Sages ne manqueront pas de lui rappeler la règle du non-cumul des mandats.
Le non-cumul des mandats enterré. En réalité, l'ancien ministre des Affaires étrangères a bien imaginé qu'il pourrait obtenir une dérogation pour présider la COP21 jusqu'en novembre prochain. Et il n'avait pas totalement tort d'y croire, tant la République exemplaire à laquelle François Hollande s'était dit tellement attaché a été définitivement enterrée lors du dernier remaniement. Le président avait fait du non-cumul des mandats, voté pour les parlementaires (et qui doit entrer en vigueur en 2017), une règle pour ses ministres.
Règle qui ne s'applique pourtant pas à son ami, Jean-Yves Le Drian, cumulard du ministère de la Défense et de la présidence de la Région Bretagne. Même chose pour les écologistes fraîchement entrés au gouvernement. Ni Emmanuelle Cosse, nouvelle ministre du Logement, ni Jean-Vincent Placé, secrétaire d'Etat en charge de la réforme de l'Etat et de la simplification, ne comptent abandonner leur poste au conseil régional d'Île-de-France. Dans ce contexte, Laurent Fabius pensait être éligible au cumul au nom des services rendus. Pour l'exemple, il ne le sera pas.