Comment s'est joué l'arbitrage du maintien, ou non, des élections municipales dont le premier tour est prévu dimanche 15 mars alors que la pandémie du coronavirus impacte la France ? Invité exceptionnel d'Europe 1 vendredi matin, le ministre de la Santé Olivier Véran a détaillé les coulisses de cette décision. Et il l'assure d'emblée : non, "l'arbitrage n'a pas été politique". Alors que lui-même, "instinctivement", s'est demandé "quel serait le sort réservé aux élections municipales", le ministre de la Santé en a appelé aux meilleurs scientifiques du pays.
"On a demandé au conseil scientifique. Le président de ce conseil est le professeur Jean-François Delfraissy. Il est virologue, c'est un cador de l'épidémiologie et c'est aussi le président du conseil consultatif national d'éthique. J'ai réuni une dizaine d'experts autour de lui et nous les avons laissés travailler à l'Élysée hier (jeudi, ndlr) pendant plusieurs heures, confinés si j'ose dire", explique Olivier Véran au micro de Sonia Mabrouk.
"Nous sommes allés les voir lorsqu'ils ont terminé leur travail et leur avons posé la question : 'faut-il ou non maintenir les élections municipales ?' La réponse a été très claire. Dans la mesure où nous demandons aux personnes âgées de rester chez elles, mais où nous considérons que les personnes âgées, bien qu'elles restent chez elles soient amenées à sortir pour faire leurs courses, avoir des déplacements incontournables dans leur quotidien, nous estimons que la vie démocratique du pays justifie un déplacement".
Utiliser ces élections pour faire de la prévention
Mais le gouvernement ne s'arrête pas à cette simple décision de maintenir les élections, il souhaite en profiter pour "en faire un temps de la prévention de la santé publique", comme il l'a expliqué. "Je vous l'annonce, il y aura un mètre d'écart entre les personnes qui iront voter dans la file d'attente, il y aura des horaires qui seront proposés aux personnes âgées fragiles, par exemple après le déjeuner. On sait qu'après le déjeuner, il y a moins de monde qui va voter. Vous avez parfois vingt ou trente personnes sur une heure", a encore justifié le ministre de la Santé.
Par ailleurs, pour rassurer les électeurs qui hésiteraient à se déplacer, Olivier Véran a expliqué que "chacun pourra venir avec son stylo" et qu'"il y aura du gel hydroalcoolique avant et après (le vote)", mais aussi "des panneaux qui informeront sur les gestes barrières". Avec ces élections, "on va toucher un public qu'on ne touche pas forcément avec votre émission", a-t-il conclu.