Un couvre-feu anticipé à 18 heures étendu à l'ensemble du territoire. C'est la principale mesure annoncée par le Premier ministre Jean Castex, accompagné par six ministres, pour faire face à une situation sanitaire "maîtrisée mais fragile" en France, alors que l'effet du variant britannique du Covid, le VOC 2020, reste encore difficilement mesurable. Comme attendu, Jean Castex a donc annoncé lors d'une conférence de presse que le couvre-feu était avancé à 18 heures dès ce samedi pour l'ensemble des Français. Jusqu'à présent, 25 départements étaient concernés par cette mesure.
Un couvre-feu anticipé à 18 heures sur tout le territoire métropolitain
Un couvre-feu à 18 heures sera mis en place à partir de samedi "pour au moins 15 jours" sur l'ensemble du territoire métropolitain pour faire face à l'épidémie de Covid 19, a indiqué jeudi le Premier ministre, Jean Castex. "Le nombre de nouveaux cas est plus faible depuis début janvier dans les départements qui étaient déjà concernés par ce couvre-feu avancé. De plus, la circulation du virus n'est plus restreinte à l'Est de la France comme fin décembre mais égale sur tout le territoire, d'où l'utilité d'un élargissement de la mesure", a justifié le Premier ministre.
"Sauf les exceptions liées aux missions de service public, tous les lieux, commerces ou service recevant du public, seront fermés à 18 heures", a précisé le chef du gouvernement. Pour éviter les concentrations des clients, Jean Castex a rappelé aux commerces les possibilités d'ouverture sur les "pauses déjeuner, voire le dimanche, en fonction des concertations locales effectuées avec les préfets".
Néanmoins, le Premier ministre a prévenu que le couvre-feu pourrait laisser place "sans délai" à un nouveau reconfinement en cas de "dégradation épidémique forte". La dernière fois qu'un couvre-feu a été mis en place à grande échelle, à l'automne, il n'avait duré que sept jours avant d'être remplacé par un confinement national.
Un test négatif exigé pour tous les voyageurs arrivant en France d'un pays hors UE
À compter de lundi, les conditions d'entrée sur le territoire vont être fortement durcies. Tous les voyageurs qui souhaitent venir en France en provenance d'un pays extérieur à l'Union européenne devront effectuer un test sur place avant de pouvoir venir. Ces personnes devront également "s'engager sur l'honneur à s'isoler pendant sept jours une fois arrivées en France, puis à refaire un deuxième test PCR à l'issue", a ajouté le Premier ministre.
Les voyageurs provenant de certains pays de l'Union européenne ne seront pas concernés pour l'instant. Concernant la Guyane, Mayotte et La Réunion, des tests seront désormais obligatoires au retour de ces destinations vers l'Hexagone - ce n'était pas le cas jusqu'à maintenant -, comme au départ de la métropole.
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Quelle place pour le télétravail après le coronavirus ?
> Les adolescents sont-ils des vecteurs de contamination ?
> Les conseils d'un psychothérapeute pour traverser au mieux cette période
> Comment fonctionne "CleanCovid", la lampe anti-coronavirus
> Comment va fonctionner le comité citoyen chargé de suivre la vaccination ?
Les écoles restent ouvertes, mais le protocole sanitaire y est renforcé
Si le variant britannique est "potentiellement plus contagieux chez les enfants", selon le ministre de la Santé Olivier Véran, les écoles néanmoins restent ouvertes. Mais le protocole sanitaire dans les cantines est renforcé. Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé que "chaque classe mangera ensemble à la même table, pour ne pas avoir de brassage. En dernier recours, on peut avoir également des repas à emporter". Les activités sportives scolaires et extrascolaires en intérieur sont suspendues jusqu'à nouvel ordre. De plus, une campagne massive de test sera menée en milieu scolaire et doit permettre de dépister jusqu'à un million d'enfants et d'enseignants par mois.
Par ailleurs, les étudiants de première année à l'université pourront reprendre par demi-groupes les travaux dirigés en présentiel à partir du 25 janvier, a annoncé Jean Castex. Cette mesure s'étendra ensuite, "si la situation sanitaire le permet, aux étudiants des autres niveaux", a ajouté le Premier ministre, en exprimant la "préoccupation" du gouvernement face au "profond sentiment d'isolement, mais aussi aux vraies difficultés pédagogiques" des étudiants. Le nombre de psychologues dans les universités sera également doublé ce semestre.
La vaccination ouverture à toute personne présentant des pathologies à haut risque dès lundi
La vaccination est élargie dès lundi aux personnes de tout âge avec une pathologie présentant de très hauts risques de développer des formes graves du Covid-19, soit environ 800.000 personnes. "Pour toutes ces personnes, il faudra une ordonnance de leur médecin traitant", a précisé Olivier Véran. Au total, c'est 6,4 millions de Français qui pourront se faire vacciner dès le 18 janvier. Pour faire face à cet afflux de patients potentiels, 700 centres de vaccinations seront ouverts à cette même date.
Les doses pour vacciner 2,5 millions de personnes en France devraient être disponibles d'ici à la fin du mois de février. "Si cela prend du temps, soyez rassuré, vous serez vaccinés", a insisté le ministre de la Santé, qui estime que l'adhésion à la vaccination est de plus en plus importante. Chaque centre de vaccination ouvert lundi sera en capacité de donner des rendez-vous pour les quatre prochaines semaines, a-t-il enfin précisé.
4 milliards d'euros par mois en plus pour soutenir les entreprises
"S'il n'est pas possible de donner une visibilité sur un calendrier de sortie de crise", Bruno Le Maire a voulu "donner de la visibilité sur le soutien économique" aux entreprises françaises. Pour ce faire, le gouvernement met "4 milliards d'euros par mois" sur la table. Dans le détail, "quatre changements majeurs" vont intervenir dans le cadre du Fonds de solidarité. "Les ventes à emporter et les livraisons à domicile ne seront pas intégrées dans le chiffre d'affaires de référence pour le calcul du montant de l'aide", a indiqué le ministre de l'Économie. Une règle qui s'applique rétroactivement à partir de décembre 2020.
Par ailleurs, les fournisseurs les entreprise du secteur de l'hôtellerie et de la restauration (S1bis, liste complète disponible ici) qui accusent une perte de 70% de chiffre d'affaires auront le droit à une aide en pourcentage de leur chiffre d'affaires, (jusqu'à 20% dans la limite de 200.000 euros par mois). Cette mesure, également applicable à partir du mois de décembre 2020, n'est plus soumise à une limite du nombre de salariés, "et est pour l'instant plafonnée à 3 millions d'euros sur la période de janvier à juin 2021".
Bruno Le Maire a également annoncé que les coûts fixes des entreprises fermées seront en charge jusqu'à 70%. Quant aux remboursements des prêts garantis par l'État, les entreprises auront le droit de bénéficier d'un an de plus. Ce délai devait donc initialement arriver à échéance fin mars pour certaines entreprises, alors que nombre d'entre elles connaissent encore des difficultés financières.
Toujours sur le plan économique, la ministre du Travail Elisabeth Borne a annoncé que les dispositifs d'activité partielle sont maintenus et prolongés. Pour les entreprises fermées totalement ou partiellement, l'État prend en charge à 100% ce dispositif. Pour les entreprises les plus protégées, le taux de reste à charge pourrait augmenter par palier en mars puis en avril.
Une situation "trop dégradée" pour une date de réouverture du monde de la culture
"Pour l’instant, la situation [sanitaire] est trop dégradée et trop instable pour envisager une date ferme de réouverture" des lieux culturels, a estimé la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Rappelant que "la fermeture des lieux culturels n'est pas propre à la France", cette dernière a d'abord tenu à rappeler que "le gouvernement n'a pas failli et ne faillira pas sur le front" du maintien du soutien au secteur. Un travail est en cours pour qu'une ouverture partielle des établissements soit possible dès la fin de la "phase aiguë" de la crise. Et la ministre de conclure son intervention en citant le poète Pablo Neruda : "Le printemps est inexorable".