Crèches : le bureau de l'Assemblée saisit la justice du cas d'Aurore Bergé, accusée de faux témoignage

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La justice est saisie du cas de l'ex-ministre Aurore Bergé, accusée par des députés de gauche de "faux témoignage" pour avoir rejeté devant une commission d'enquête tout lien personnel avec une lobbyiste des crèches privées. Les élus se basent sur les révélations du journaliste d'investigation Victor Castanet.

Le bureau de l'Assemblée nationale a décidé mercredi de saisir la justice du cas de l'ex-ministre macroniste Aurore Bergé, accusée par des députés de gauche de "faux témoignage" pour avoir rejeté devant une commission d'enquête tout lien personnel avec une lobbyiste des crèches privées, a-t-on appris de sources parlementaires. La "demande d'engagement de poursuites" pénales contre Aurore Bergé - aujourd'hui députée Ensemble pour la République - a été validée par 10 voix "pour" et neuf voix "contre", lors d'un vote du bureau, instance exécutive dominée par la gauche, ont précisé ces sources.

Plainte en diffamation déposée par Aurore Bergé après ces révélations

Les parlementaires insoumis et écologistes qui demandent cette procédure se fondent sur des propos tenus le 30 avril par Aurore Bergé devant une commission d'enquête parlementaire sur le "modèle économique des crèches". Sous serment, elle y avait affirmé n'avoir aucun "lien personnel, intime ou amical, ni d'accointances" avec la déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC), Elsa Hervy.

Or, dans son livre-enquête Les Ogres (Flammarion), sur les dérives et la "voracité" de certains groupes privés de crèches, le journaliste d'investigation Victor Castanet évoque un "pacte de non-agression" qui aurait été conclu entre Aurore Bergé, à l'époque où elle était ministre des Familles (juillet 2023-janvier 2024), et Elsa Hervy.

Aurore Bergé a indiqué la semaine dernière avoir déposé plainte en diffamation après la publication de ces révélations. De son côté, Victor Castanet a rendu publics des documents montrant selon lui "qu'il y a eu une entente entre Aurore Bergé et Elsa Hervy pour étouffer l'incendie". L'un de ces documents est un courriel, adressé le 8 août 2023 par la ministre à sa directrice de cabinet, dans lequel elle dit à propos de Elsa Hervy : "C'est surtout une copine :) Elle sera très aidante avec moi".

"On ne copine pas avec les lobbys", lance Mathilde Panot

Après ces révélations, et le vote de mercredi, "Aurore Bergé devra rendre des comptes pour avoir menti devant la représentation nationale", s'est félicitée sur X la cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot. "On ne copine pas avec les lobbys qui maltraitent les enfants quand on est Ministre en charge de la petite-enfance", a-t-elle ajouté.

L'ex-ministre doit désormais "pouvoir se défendre de ces accusations devant la justice plutôt que sur les plateaux TV", a commenté de son côté le député écologiste Emmanuel Duplessy. Pour Aurore Bergé, le Nouveau Front populaire "a sans surprise décidé une nouvelle fois de se soumettre à LFI" et à sa "demande infondée" à son encontre. "La gauche n'en finit plus son naufrage politique et démocratique", a-t-elle déploré.