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avec AFP // Crédits : Miguel MEDINA / AFP , modifié à
Le Rassemblement National a déclaré ce mardi être victime d'"une cabale" après l'enquête du Washington Post qui l'accuse d'avoir des liens avec Moscou en vue d'affaiblir le soutien à l'Ukraine. Le parti confirme toutefois sa volonté de revenir sur les sanctions qui visent la Russie.

Le Rassemblement National a déclaré mardi "une cabale" après l'enquête du Washington Post l'accusant de liens persistants avec Moscou en vue d'affaiblir le soutien à l'Ukraine. Le parti confirme toutefois sa volonté de revenir sur les sanctions qui visent la Russie. A l'Est, rien de nouveau. Accusé depuis des années de servir la propagande du régime russe, le RN est de nouveau rattrapé par ses liens privilégiés avec Moscou.

La polémique vient cette fois-ci d'outre-Atlantique : dans une enquête publiée samedi, le Washington Post accuse le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella de jouer un rôle décisif dans la stratégie orchestrée par l'entourage de Vladimir Poutine pour déstabiliser l'Europe et "saper le soutien à l'Ukraine". Une vaste entreprise de subversion combinant des réseaux sociaux - orientés à l'aide de "fermes à trolls" - et la coopération de partis d'extrême droite, selon le quotidien américain qui s'appuie notamment sur des "documents du Kremlin obtenus par un service de sécurité européen".

"Tous les gouvernements d'Europe occidentale seront changés"

Cette stratégie cible particulièrement la France, identifiée en 2022 par Moscou comme "vulnérable à l'agitation politique", bien que le pouvoir russe s'intéresse aussi de près à l'Allemagne et l'Italie. A terme, "tous les gouvernements d'Europe occidentale seront changés", assure Jean-Luc Schaffhauser, ancien député européen sous la bannière du Front puis du Rassemblement national, cité dans le journal.

Ce personnage clé du parti de Marine Le Pen, qui avait négocié pour son parti le prêt obtenu en 2014 auprès d'une banque tchéco-russe, est mis en cause par le Washington Post, qui fait état de son lien avec un représentant du Kremlin dans l'Hexagone. D'après le quotidien, M. Schaffhauser "loue un étage de sa résidence" à Strasbourg au numéro deux de l'ambassade de Russie en France, Il y a Subbotin, qui siégeait au Conseil de l'Europe jusqu'à son exclusion en mars 2022 Un simple "arrangement commercial" par l'intermédiaire d'une agence, tempère l'ancien eurodéputé.

"Courroie de transmission" 

Dans le camp d'Emmanuel Macron, Renaissance y voit au contraire une preuve de plus que « le RN est bien le porte-parole du Kremlin en France". Il "joue un rôle prépondérant pour relayer la propagande de Poutine", écrit le parti sur X. L'accusation est récurrente depuis l'annexion de la Crimée en 2014, après un référendum controversé selon lequel Mme Le Pen avait jugé "sans contestation possible", six mois avant de contracter le prêt auprès de la banque tchéco-russe, que son parti a finalement remboursé en septembre dernier.

La triple candidate à l'élection présidentielle avait également nourri les critiques en rencontrant Vladimir Poutine au Kremlin en 2017, un mois avant le scrutin. Autant d'éléments retenus par la rapporteure macroniste d'une commission parlementaire qui a qualifié, en juin, le RN de "courroie de transmission" de la Russie, même si le parti a changé de discours depuis l'invasion de l'Ukraine début 2022 et reconnaît que Moscou est "l'agresseur".

"Si la Russie nous avait donné nos éléments de langage je ne crois pas que nous dirions ça", a objecté son porte-parole Laurent Jacobelli, martelant sur Sud Radio qu'il "n'y a pas de lien entre la Russie et le Rassemblement national". "Tout ça est une cabale", a-t-il insisté, assurant que pour le RN "l'objectif final c'est la paix" et que "l'Ukraine retrouve son indépendance, sa souveraineté et ses frontières" en passant par "la voie diplomatique".

"Embargos inutiles" 

Mais le parti reste sceptique sur "l'aide à l'armement offensif" de Kiev et opposé aux "embargos inutiles" imposés à Moscou, notamment sur le gaz et le pétrole russe qui "continuent d'arriver par des moyens détournés" et que "les Français payaient plus cher" au final. Un argumentaire élaboré par "les stratégies du Kremlin", d'après le Washington Post, dans le mais de discréditer les sanctions mises en place par l'Union européenne et qui se sont nettement renforcées depuis l'invasion de l'Ukraine.

La percée attendue de l'extrême droite dans plusieurs pays aux Européennes de juin pourrait changer la donne. Le porte-parole du RN ne s'en est d'ailleurs pas caché: "Si demain nous avons la majorité à Bruxelles, ça veut dire un changement radical, notamment dans les sanctions imposées à certains pays à cause de leur politique".