Les appels au calme ont été entendus, pas de chicayas ni d’éclats de voix. Les candidats ont conduits un débat de bonne tenue. Au tennis, on dirait que c’est Benoît Hamon qui a mené l’échange. C’est lui qui a distribué les balles, car se sont ses propositions et sa vision qui ont structuré l’échange : les 32 heures, le revenu universel, l’écologie, thème très développé par Benoît Hamon et effleuré par Manuel Valls qui parfois ne renvoyait même pas la balle. Sur ces sujets, "il n’ y a pas débat", a-t-il admis souvent.
Manuel Valls effacé ? Même sur la laïcité, le thème dont Manuel Valls a fait son marqueur, non seulement Benoît Hamon n’est pas mis en cause ou pris en défaut par son contradicteur, mais c’est lui qui formule la seule proposition de l’échange : la création d’un corps d’inspecteur pour sanctionner les discriminations ou les manquements au respect de la laïcité. Manuel Valls, lui, n’a pas développé son jeu, à part une carte blanche sur l’Afrique et le codéveloppement.
Une stature de présidentiable. Pourtant, l’ancien Premier ministre a réussi à jouer assez finement : on s’attendait à ce qu’il cogne Benoît Hamon, à ce qu’il l’accule sur le revenu universel, plus encore sur la laïcité. Et bien pas du tout, il a mis en avant sa stature de présidentiable, bien sûr, mais sans volonté d’écraser son concurrent.
Séance d’hypnose. Manuel Valls ne l’a pas jouée de façon agressive, non il l’a jouée façon grand frère. Benoît ouvre des voix pour l’avenir, il offre du rêve, moi je suis crédible maintenant, dit-il en substance. Manuel Valls est un peu le boa du Livre de la Jungle, il enserre Benoît Hamon avec ses anneaux et hypnotise ses électeurs, rêvez avec Benoît Hamon, rêvez... mais votez pour moi si vous voulez gagner ! On verra dimanche si cette séance d’hypnose a fonctionné sur les électeurs de la primaire.
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