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Alexis Patri
La journaliste politique de France Télévisions Nathalie Saint-Cricq publie "Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir", un livre sur la relation entre Georges Clemenceau et Marguerite Baldensperger. Elle raconte dans l'émission "Ça fait du bien" comment elle tente de faire son métier en évitant la connivence avec les politiques.
INTERVIEW

Être suffisamment proche des politiques pour recueillir des informations, et suffisamment loin pour de pas tomber dans la connivence. Le travail des journalistes politiques tient à un équilibre parfois difficile à tenir. Dans l'émission Ça fait du bien, sur Europe 1, Nathalie Saint-Cricq explique comment elle tient sur cette ligne de crête. La journaliste politique de France Télévisions est invitée d'Anne Roumanoff pour son livre Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir.

Nathalie Saint-Cricq est consciente que ce qu'elle appelle "le mythe du déjeuner" avec les politiques intrigue le grand public. "Avec le Covid-19, on ne déjeune plus en ce moment. Comme ça, le problème est réglé !", s'amuse la journaliste, avant d'expliquer qu'elle déjeunait auparavant "de temps en temps" avec des hommes et des femmes politiques.

"Je n'ai pas de relations amicales avec les politiques"

Selon elle, cela n'empêche pas d'être compétent dans son métier de journaliste. "Dire que quand on déjeune avec les politiques, on est connivent, je trouve ça idiot", indique-t-elle. "On n'est pas connivent quand on a décidé de ne pas être connivent. Il faut s'arrêter quand on sent que l'on a des relations qui basculent. Je n'ai pas de relations amicales avec les politiques."

Une solution qui semble fonctionner : quand des personnes arrêtent Nathalie Saint-Cricq dans la rue, ils lui disent qu'ils ne savent pas dire si elle est de droite ou de gauche. "Ah bah oui, heureusement !", commente-t-elle.

"Jean-Luc Mélenchon a considéré que j'étais une espèce de diablesse"

Mais son refus d'être amie avec des politiques n'empêche pas Nathalie Saint-Cricq d'en tutoyer certains. Dont Jean-Luc Mélenchon. "On pourrait faire un roman de mes 30 ans de relations de Jean-Luc Mélenchon, et je pense que cela n'intéresserait personne !", rigole la journaliste politique, avant d'expliquer pourquoi elle tutoie le député de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône.

"Je l'ai tutoyé, dans le temps, dans le cadre des congrès du Parti socialiste, quand j'essayais à 3 heures du matin de faire des reportages sur des trucs qui n'intéressaient personne", se souvient-t-elle sans langue de bois. "Après, il a considéré que j'étais une espèce de diablesse, donc il m'a revouvoyée. Et maintenant, je le tutoie."

"Gabriel Attal pourrait être mon fils !"

Nathalie Saint-Cricq a désormais trouvé sa règle en matière du tutoiement et de vouvoiement avec les politiques. "Je ne tutoie que les vieux, ceux que je connais depuis 30 ans", explique-t-elle, avant de se reprendre. "Enfin les vieux... les gens de mon âge ou qui sont plus vieux que moi. Quand vous connaissez les gens depuis 30 ou 35 ans, ce n'est pas la même relation."

Nathalie Saint-Cricq ne tutoie ainsi pas Gabriel Attal, 32 ans et porte-parole du gouvernement. "Gabriel Attal pourrait être mon fils, j'ai un peu de mal avec ça de temps en temps", s'amuse la journaliste politique. "Mais il faut que je me fasse à l'idée que beaucoup de gens pourraient être mon fils maintenant !"