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Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur de l’Éducation nationale et auteur de "Les profs ont peur", était l'invité de La Grande interview Europe 1-CNews. Au micro de Sonia Mabrouk, il est revenu sur le départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel à Paris, menacé de mort après une altercation avec une étudiante sur le port du voile. Ce départ "est une victoire pour les islamistes", estime-t-il.

Un simple e-mail pour acter un départ. Vendredi 22 mars, le proviseur de l'établissement Maurice-Ravel à Paris a annoncé quitter ses fonctions "par sécurité pour moi et pour l'établissement", a-t-il expliqué. Un email qui fait suite à une altercation entre lui et une élève fin février qui refusait d'enlever son voile au cœur de l'enseigne du lycée, comme le veut la loi de 2004. 

"Un épisode peu glorieux" pour la République

Cette dernière assure avoir été violentée. L'étudiante à portée plainte, mais cette dernière a été classée sans suite car l'infraction "n'était pas suffisamment caractérisée", précise le parquet. De son côté, le proviseur comme le rectorat ont démenti toute violence à l'encore de la jeune fille. Mais une vague de harcèlement et de menaces de mort contre le dirigeant de l'établissement aura eu raison de sa volonté de rester en poste jusqu'à son départ à la retraite, prévue dans quelques mois.

 

Invité ce jeudi sur le plateau de La Grande interview Europe 1-CNews, Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur de l’Éducation nationale, estime que ce nouvel épisode est une victoire de plus pour les islamistes. "Pour les islamistes, c'est une victoire et qu'ils la savourent comme telle", assure-t-il au micro de Sonia Mabrouk. "Qu'une jeune fille, par le fait et le simple fait de provoquer un proviseur, réussisse à le faire démissionner de son poste le proviseur est pour eux une victoire certaine et pour la République un épisode peu glorieux", poursuit-il. 

Autocensure

"Qu'on n'ait pas réussi à retenir ce proviseur, à le protéger et à faire en sorte que dans cet affrontement qui avait été provoqué, qui était voulu, ce ne soit pas l'école qui l'emporte, la République qui l'emporte, mais ses adversaires, c'est quand même quelque chose qu'on peut appeler comme une capitulation, en tout cas une défaite".

L'auteur de l'ouvrage "Les profs ont peur", publié chez l’Observatoire, alerte sur l'augmentation de professeurs qui s'autocensurent en cours. Et, "contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas sur des sujets propres aux disciplines qui a le plus d'autocensure, mais sur les sujets qui traitent des valeurs. Comme l'enseignement de la liberté d'expression, l'enseignement de la laïcité, l'enseignement de la lutte contre l'homophobie ou l'antisémitisme, ou encore l'égalité fille-garçon", conclut-il.