Elisabeth Borne a vanté dimanche "le seul bulletin de vote pro-européen", celui de sa majorité, pour les élections de juin 2024, lors du Campus de rentrée de Renaissance, quasi-exclusivement consacré aux thématiques européennes. Face aux "pères déconstructeurs de l'Europe" de l'extrême droite, "nous serons le seul bulletin pro-européen sur la table" le 9 juin 2024, a lancé la Première ministre en clôture du "campus" qui s'est tenu pendant trois jours au Parc des expositions de Bordeaux.
La cheffe du gouvernement a, par ailleurs, dénoncé des "ambiguïtés révoltantes" d'une partie de la gauche française sur le conflit en Israël, dans une allusion à La France insoumise accusée de trouver des justifications à l'attaque du Hamas.
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Sur BFMTV, elle a ensuite estimé que l'"antisionisme" du parti de Jean-Luc Mélenchon était "parfois aussi une façon de masquer une forme d'antisémitisme". "Elisabeth Borne profite de la guerre au Moyen-Orient pour mener sa guerre contre LFI", a rétorqué l'intéressé. Il n'a guère été question des thématiques nationales lors de cette rentrée du parti d'Emmanuel Macron, alors que se profile un automne délicat et un budget qui sera vraisemblablement à nouveau adopté au moyen du 49.3.
"Choix de société"
Pas question, pour autant, d'exposer les "propositions audacieuses" pour les Européennes, ni d'arrêter une tête de liste : ce sera pour janvier, a expliqué le patron de Renaissance, Stéphane Séjourné, qui ne veut pas "se laisser voler le débat" européen. Le nom de Stéphane Séjourné, proche d'Emmanuel Macron et président du groupe Renew (Renaissance) au Parlement européen, circule pour diriger cette liste, qui sera sans doute commune avec les alliés d'Horizons, du MoDem, mais aussi du Parti radical, voire des centristes de l'UDI, avec qui la majorité entend négocier.
Le scrutin de juin 2024 constituera un véritable "choix de société", a jugé Stéphane Séjourné, en attaquant les votes et l'attitude du RN, de LR mais aussi des Verts au Parlement européen. Présent à la clôture, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe a plaidé pour "une Europe qui ne recrute pas ses cadres à Washington et ne prend pas ses ordres à Moscou". "Nous n'avons pas d'autre arme que l'Union européenne, solide et déterminée", a lancé le patron du MoDem François Bayrou.
Invitée d'honneur samedi, mais critiquée jusqu'au sein de Renaissance pour avoir qualifié l'Azerbaïdjan de "partenaire fiable", la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a exprimé son "soutien absolu à l'intégrité territoriale de l'Arménie".
"Tirer dans le même sens"
Quant à Elisabeth Borne, elle a pu prendre des forces dès samedi dans le campus entre embrassades et selfies, notamment de la part des bruyants et remuants Jeunes avec Macron. "Trois mois de 49.3, ça va être long jusqu'à Noël" pour elle, estime un conseiller ministériel, alors que sa popularité faiblit dans les sondages.
Prix des carburants, crise du logement, "mis bout à bout, elle a peu de bonnes nouvelles à apporter", ou alors c'est "le président (Macron) qui les prend", relève le même conseiller. La Première ministre présidera notamment une conférence sociale le 16 octobre à Matignon, précédée la semaine prochaine de rencontres bilatérales avec les organisations syndicales et patronales.
L'équation sera également compliquée au plan politique : le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a sobrement évoqué, dimanche dans le journal Le Parisien, une relation "professionnelle" avec la cheffe du gouvernement, estimant qu'Edouard Philippe était par ailleurs "le mieux placé aujourd'hui" pour 2027. "Tout le monde doit tirer dans le même sens", a-t-elle répondu sur BFMTV, en demandant à ses ministres qu'ils "fassent voter des textes" et "qu'ils aient des résultats pour les Français".
La cheffe du gouvernement a également jugé que Gérald Darmanin exprimait une "position personnelle" lorsqu'il a appelé à ce que l'Aide médicale d'État (AME), destinée à la prise en charge des personnes en situation irrégulière, devienne une seule aide médicale "d'urgence".
À l'égard du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, "très favorable" à une révision du calendrier de l'interdiction de la location des "passoires thermiques", Elisabeth Borne a souhaité "accélérer la rénovation" mais évoqué une possible "aide" pour les petits propriétaires, sans confirmer s'il agirait de "dérogations", comme suggéré par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.