«La Belle et la Bête» de Jul paraîtra comme prévu en septembre

Le conte "La Belle et la Bête" illustré par Jul va paraître comme prévu en septembre. Il devait également être distribué à 800.000 élèves en fin de CM2, mais a été rejeté par le ministère de l'Education, Elisabeth Borne estimant que le contenu était trop adulte pour des élèves de 10 ou 11 ans.
Le conte "La Belle et la Bête" illustré par Jul, qui devait être distribué à 800.000 élèves en fin de CM2 mais a été retoqué par le ministère de l'Education, va cependant paraître comme prévu en septembre, a indiqué l'éditeur à l'AFP vendredi.
Le ministère, qui avait commandé l'ouvrage à cet auteur pour l'opération annuelle "Un livre pour les vacances", l'a jugé "pas adapté" aux CM2. Le dessinateur, Julien Berjeaut de son vrai nom, a dénoncé une "décision politique" pour des "prétextes fallacieux".
"Le Conseil permanent des écrivains manifeste sa perplexité et son inquiétude devant cette décision"
Interrogé par l'AFP, l'éditeur, la branche édition de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, a indiqué qu'il comptait faire paraître l'ouvrage "en septembre" comme "chaque année". Le tirage, qui devait être initialement de 900.000 exemplaires, n'a pas été précisé à ce stade. Au sein de leur école, les élèves recevront à la place le livre déjà distribué en juin 2023, "L'Odyssée" d'Homère, adapté par Murielle Szac et illustré par Catel.
Jeudi, la ministre de l'Éducation nationale Elisabeth Borne a estimé que le contenu était trop adulte pour des élèves de 10 ou 11 ans. "Je ne suis pas sûre que ce soit forcement compréhensible que le père de la Belle soit un monsieur algérien, qu'on voit dans des scènes où il est totalement ivre, il fait de la contrefaçon, est arrêté par des policiers", a-t-elle dit à la presse.
Un regroupement d'associations d'auteurs et de défense de la liberté de création, le Conseil permanent des écrivains, a critiqué le "brusque revirement" du ministère dans un communiqué vendredi. "Dans un contexte international marqué par la réduction de la liberté d'expression et la volonté de censurer bibliothèques et écoles, le Conseil permanent des écrivains (CPE) manifeste sa perplexité et son inquiétude devant cette décision", a-t-il écrit. Le député LFI Rodrigo Arenas a qualifié sur X la décision de "stupéfiante" et de "soumission au trumpisme éducatif".
Une source au sein du ministère, citée par le magazine Marianne, a cependant estimé que la représentation du père de la Belle, qui peut être perçu comme Nord-Africain et se livre à l'import de contrefaçons depuis l'Algérie, lui paraissait très problématique. "On flirte avec une forme de racisme, quoi qu'en pense l'auteur, ou tout au moins avec des clichés", déclare cette source.