Objectif 2022. Les dirigeants de gauche se sont réunis samedi matin dans un hôtel parisien à l'initiative de l'écologiste Yannick Jadot, qui espère en faire la première étape d'un rapprochement en vue de la prochaine présidentielle. "L’enjeu est de travailler sur le fond, de se donner une feuille de route qui mènera à un rassemblement et à une candidature commune, condition indispensable pour gagner en 2022", a expliqué samedi l'écologiste, accueillant chaque participant à l'entrée de l'établissement.
"La gauche essaye de reprendre espoir après le traumatisme de 2017"
Le secrétaire national d'EELV Julien Bayou, l'ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon - arrivés ensemble en tant qu'alliés dans le Pôle écologiste - le premier secrétaire du PS Olivier Faure, la maire de Paris Anne Hidalgo, le député européen Place publique Raphaël Glucksmann… Il y avait bien longtemps qu'autant de personnalités de gauche n'avaient été réunies dans une même pièce. "La gauche essaye de reprendre espoir après le traumatisme de 2017. Elle est dans une situation difficile et doit montrer à son électorat qu'elle a des propositions", analyse sur Europe 1 Bruno Cautrès, politologue et chercheur CNRS au Cevipof.
Invité d'Europe 1 samedi matin, Olivier Faure a appelé la gauche à s'unir pour revenir plus forte. "Il est temps pour la gauche de réveiller sa propre force et de réveiller l'espoir pour les Françaises et les Français", a-t-il affirmé, espérant "en finir" avec le duel Macron-Lepen que certains sondages annoncent déjà. Même son de cloche du côté d'Anne Hidalgo : "L’union, il faut la construire. C’est une question de travail, d’engagement, d’humilité et de volontarisme."
Des absences remarquées
Plusieurs leaders de gauche étaient toutefois absents de cette réunion. A commencer par l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, déjà déclaré candidat pour 2022, mais actuellement en voyage en Amérique latine. Pendant plusieurs jours, ses lieutenants et le camp Jadot ont échangé des courriers à propos de l'ordre du jour exact de la réunion. Les Insoumis la souhaitaient cantonnée à l'aboutissement d'un "pacte de non-agression", jugeant les convergences sur le fond insuffisantes pour amorcer tout rapprochement. De son côté, le chef des communistes Fabien Roussel, qui vient lui-même de franchir la première étape pour être investi candidat à la présidentielle, a préféré consacrer son samedi à sa circonscription de député. C'est son porte-parole Ian Brossat qui l'a remplacé.
"Les divergences de la gauche, par rapport à l'économie et l'intégration européenne notamment, ne sont pas récentes. Il est difficile de faire émerger de la cohérence", souligne Bruno Cautrès. Pour le moment du moins, aucune force en présence ne semble disposée à se ranger derrière une autre formation. "Pour la candidature unique, c'est mal parti. Mais il y a un autre aspect : préparer le deuxième tour avec une stratégie de ralliement pour que les électeurs de gauche ne pensent pas à une improvisation", poursuit le chercheur. Il conclut : "D'autant que quand on regarde la sociologie des électeurs, on y trouve souvent davantage d’unité que chez les candidats."