"La politique des petits pas n'est plus possible. L'écologie d'accompagnement est une impasse. La démission de Nicolas Hulot l'a démontré." Interviewé ce week-end dans le JDD, Benoît Hamon le martèle : il faut aller plus vite et plus loin en matière de lutte environnementale. L'ancien candidat socialiste à la présidentielle, désormais tête de liste du mouvement Génération.s. aux européennes, défend une "écologie de rupture".
Une idée qu'il définit d'abord parce ce qu'elle n'est pas : "pas compatible avec le libéralisme", et "pas de droite". Prenant ses distances avec le chef de file de la liste EELV, Yannick Jadot, qui a déjà dit qu'il pensait que c'était soluble dans l'économie de marché, Benoît Hamon estime qu'il est impossible d'allier écologie et "recherche sans fin et sans but de la croissance pour la croissance, ni avec l'obsession des multinationales pour le profit". "Il ne peut y avoir d'écologie sans partage des richesses et du pouvoir", ajoute-t-il, ce qui est "la définition de la gauche".
Écocide et droit à la nature
Parmi ses propositions concrètes, qui seront regroupées dans un Manifeste pour l'écologie du monde qui vient (éd. Les Petits Matins) à paraître lundi, Benoît Hamon défend la notion d'"écocide", c'est-à-dire de crime contre la planète. "Il faut pouvoir juger devant une cour internationale les responsables, que ce soient les actionnaires et les dirigeants de grandes firmes multinationales ou les États", explique-t-il au JDD. "On ne disciplinera pas le capitalisme sans exercer des contraintes, ni sans condamnations lourdes."
Cette notion d'"écocide" jouxte une reconnaissance des "droits à la nature". "L'air, l'eau, les ressources fossiles sont des biens communs", détaille Benoît Hamon. "On doit reconnaître au niveau de l'ONU comme au niveau de l'Union européenne que leur exploitation ne peut pas relever du secteur privé ou étatique. Il y a un régime de propriété à repenser."