EDITO - "Christophe Castaner pose plusieurs problèmes à Emmanuel Macron et au gouvernement"

© Lionel BONAVENTURE / AFP
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Pour notre éditorialiste Nicolas Beytout, "le problème Castaner est désormais celui d’Emmanuel Macron".
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Christophe Castaner a reconnu, dimanche sur TF1, qu’il y avait eu des failles qui ont permis l’attaque de la Préfecture de police. Mais il a exclu de démissionner. Et cela n'a pas surpris notre éditorialiste Nicolas Beytout.

Il fallait s’y attendre. Dans une affaire aussi grave que cet attentat terroriste, c’est un réflexe classique de l’opposition de mettre en cause la responsabilité supérieure du ministre. Et de la même manière, le refus du ministre de l’Intérieur de rendre son portefeuille était écrit d’avance. Il a d’ailleurs été soutenu clairement par le Premier ministre qui lui a renouvelé sa confiance hier matin.

Edouard Philippe est monté très vite au créneau. Ça donne un peu l’impression qu’il y avait urgence…

Effectivement, il a senti la pression monter et il fallait réagir très vite. Ce qu’il a fait. Et ce qui ne règle rien. Christophe Castaner pose en effet plusieurs problèmes à Emmanuel Macron et au gouvernement. Le premier, c’est celui de la crédibilité. Crédibilité de sa propre parole, car ce n’est pas la première fois qu’il est l’auteur de fausses déclarations. C’est à se demander s’il pèse le poids des mots lorsqu’il s’exprime ? Et si oui, alors pourquoi est-ce qu’il prend le risque de proférer des contre-vérités ?

Tout cela nuit aussi à la crédibilité de sa fonction, celle de ministre de l’Intérieur, ce qui n’est pas rien, tout de même ! Et à l’ère du soupçon, du complotisme, on imagine bien les dégâts que ça peut engendrer…

 Ça a d’ailleurs été le cas, dans l’attaque de la Préfecture de police…

Absolument. On a vu très vite monter la thèse du complot : "Ils nous cachent la vérité ; ils savaient dès le début que c’est un attentat, ils n’ont pas voulu le dire… parce que c’est un musulman, ou parce qu’il ne fallait pas envenimer le débat sur l’immigration qui doit avoir lieu aujourd’hui à l’Assemblée." Ce qui est certain, c’est que, venant quelques jours seulement après la catastrophe de Rouen et tous les doutes que ça a provoqué, cette affaire tombe très mal.

Vous disiez que Christophe Castaner pose plusieurs problèmes…

Oui, et je pensais bien sûr à la manifestation de policiers de la semaine dernière : jamais il n’y avait eu autant de policiers dans la rue, comme ça, à froid. C’est simple, le ministre de l’Intérieur est contesté par ses propres ses troupes, et ça ne va pas s’améliorer : lorsqu’il explique par exemple que, dans l’attentat de la Préfecture de police, s’il y a eu des dysfonctionnements, il y aura des sanctions, c’est une façon de se défausser de sa responsabilité sur son administration.

Dans ces conditions, est-ce qu’il peut rester ?

Je pense qu’il va rester. Dans ce genre de crise, la pratique française c’est qu’on ne démissionne pas à chaud. Et puis, Emmanuel Macron n’aime pas non plus être sous la pression, et il le traite comme un fidèle de la première heure. Le résultat, c’est que le problème Castaner est désormais celui d’Emmanuel Macron.