"Avoir à la fois la confiance du chef de l'Etat et le soutien de la majorité parlementaire", voilà l'objectif d'Edouard Philippe. Pour ce qui est du "soutien de la majorité parlementaire", il faudra attendre le résultat des élections législatives. En revanche, l'ancien maire Les Républicains du Havre peut logiquement compter sur la confiance d'Emmanuel Macron, qui l'a nommé Premier ministre la semaine dernière.
"Une proximité évidente" entre Macron et Juppé. Pourtant, les deux hommes ne viennent pas de la même famille politique. Edouard Philippe faisait même partie des soutiens d'Alain Juppé lors de la primaire de la droite et du centre. "Si je n'étais pas d'accord avec sa philosophie et son ambition, je n'aurais pas accepté sa proposition", assure-t-il toutefois dans les colonnes du JDD, avant d'ajouter : "Quand je relis le programme d'Alain Juppé, son esprit et ses propositions, je retrouve beaucoup d'éléments qui figurent dans le projet d'Emmanuel Macron, notamment d’un point de vue économique. Je constate une proximité évidente. A la place qui est la mienne, j’ai le sentiment de faire avancer les idées auxquelles je crois."
" Je ne crois pas que les partis soient morts "
Cela signifie-t-il que les partis sont désormais de l'histoire ancienne dans le paysage politique française ? "Je ne crois pas que les partis soient morts, mais leurs habitudes, leur sédimentation, à certains égards leur fossilisation, sont dépassées. C’est pour cela que ça craque. Je dis à tous : n’ayez pas peur. Nous avons l’occasion de dépasser quelque chose qui est bloqué. Les deux partis qui géraient alternativement la France ont été éliminés dès le premier tour de la présidentielle. La désaffection des Français à leur égard est considérable. Le système partisan français était dans une impasse. C’était inextricable. Le président a tranché le nœud gordien", explique-t-il.
Certains LR "souhaitent que le président et le gouvernement réussissent". Malgré tout, son choix de se rallier à Emmanuel Macron a provoqué son exclusion des Républicains, parmi lesquels il assure avoir "des amitiés très fortes" : "Au sein de ce parti, certains souhaitent que le président et le gouvernement réussissent, pour que la France aille mieux dans cinq ans qu’aujourd’hui. D’autres ont choisi une opposition radicale et stérile. C’est leur choix. Mon objectif est de donner une majorité au chef de l’Etat. Je ferai donc campagne (aux législatives) pour les candidats qui partagent cet objectif."
" Je souhaite qu'on réponde à la main tendue par le président "
Mais quand ils feront face à des candidats de La République en marche!, Edouard Philippe soutiendra logiquement les seconds, tout en adoptant "un ton mesuré". "Je ne vais pas, alors que je souhaite qu’on réponde à la main tendue par le président, me mettre à insulter, dénigrer ou critiquer des personnes que j’estime mais qui ne font pas le même choix que moi. J’ai vu que ce choix suscitait des réactions, parfois acides. J’y répondrai par le calme et la tolérance", a-t-il assuré.
"Tenter quelque chose qui n'a jamais été tenté." Ces réactions "parfois acides" n'ont, en tout cas, pas entamé son enthousiasme quant à la tâche qui l'attend. "C’est inédit et c’est passionnant de tenter quelque chose qui n’a jamais été tenté. Cela suscite un espoir et un enthousiasme manifestes, qui nous obligent. Si, lors des élections législatives, les Français donnent une majorité au président, la recomposition se fera sur des bases claires, autour de la méthode, des idées, et du rassemblement qu’il propose", promet-il. S'il est aujourd'hui difficile de se projeter, tout sera plus clair au lendemain du deuxième tour des législatives, le 18 juin prochain.