La crise sanitaire du coronavirus n'empêche pas les partis politiques de penser fortement à l'élection présidentielle de 2022. L'échéance, dans quatorze mois, pousse tout le monde à s'activer, surtout à droite. Chez Les Républicains, le petit jeu du moment consiste à lister tous ceux qui pensent à la présidentielle : Xavier Bertrand, Bruno Retailleau, Michel Barnier, Nicolas Sarkozy, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, David Lisnard, Gérard Larcher, Rachida Dati, Philippe Juvin… La liste n'est pas exhaustive. "On vise l'équipe de rugby", ironise un cadre.
Bertrand avance ses pions
Il n’y a pas d’évidence, donc le "pourquoi pas moi ?" est en vogue. "Y penser, chacun a le droit. être préparé et déterminé, c’est autre chose", a commenté Xavier Bertrand, qui s'est déclaré depuis longtemps et qui tente de se préparer avec méthode. Il travaille avec son réseau d’experts et d’élus. Une dizaine de réunions, en visioconférence, sont prévues d’ici début février. Et pour le numéro 2 de LR, Guillaume Peltier, que Xavier Bertrand ait claqué la porte du parti en 2017 n'est pas rédhibitoire : "Il n’a jamais tapé sur notre famille politique. C'est le président des Hauts-de-France, une région populaire. On a besoin, avant d’un candidat, d’une équipe de France. Il fait partie de ceux qui peuvent la fédérer et la mener à la victoire."
Mais Xavier Bertrand a un enjeu : s'imposer comme le candidat naturel d'ici juin pour éviter de passer par la case "système de départage" à l’automne. Il doit voir ce mois-ci Nicolas Sarkozy et Gérard Larcher, avec l'espoir de faire reculer le "tout sauf Bertrand" qui existe encore. Pour tuer le match, l'ancien ministre doit, dit-il, "passer du statut d’opposant à Emmanuel Macron à celui de remplaçant" dans la tête des Français.
Les podcasts de Retailleau, les échanges de Barnier
D'autres candidats potentiels se préparent également. Bruno Retailleau s'organise lui aussi, même s’il fait face à "un tout sauf Retailleau" de la part de beaucoup d’élus. Jeudi après-midi, le sénateur planchait sur son projet avec des chefs d’entreprise. En février, il va lancer sa propre application numérique avec fil info et podcasts pour élargir son réseau militant en vue de la primaire car, selon lui, "la probabilité d’un candidat naturel est faible".
" Généralement, ceux qui doivent remporter les élections présidentielles ne les remportent jamais "
Depuis Noël, un nouveau nom est apparu dans le paysage : celui de Michel Barnier. Certains élus verraient bien l’ex-négociateur du Brexit en porte-drapeau de la droite pour 2022. Michel Barnier confie, lui, être "ni plus ni moins dans une phase d’écoute et de consultation". Il est trop tôt pour savoir quelles conclusions il tirera de ses nombreux échanges avec les responsables de droite.
Méthode Coué
Globalement, LR ne veut pas se presser. Pourtant, l'enjeu est énorme. Après deux présidentielles perdues, 2022 est presque une question de survie pour LR. Mais, à en croire Pierre-Henri Dumont, secrétaire général adjoint du parti, il y a de l’espoir. "Généralement, ceux qui doivent remporter les élections présidentielles ne les remportent jamais, et ceux qui ne doivent pas les remporter les remportent", affirme-t-il. "Pour 2022, nous avons donc de bonnes chances de l’emporter si nous suivons cet adage." Une méthode Coué résumée par ce cri du cœur d’une députée : "Ras-le-bol d’être dans l’opposition."