Elisabeth Borne se rend jeudi à Angers et Laval pour évoquer les freins à l'emploi, comme la garde d'enfants, pour laquelle elle devrait détailler le financement des 200.000 nouvelles places en crèche envisagées d'ici 2030, et ce malgré la pénurie de personnels dans ce secteur. La Première ministre anticipe ainsi la présentation en Conseil des ministres la semaine prochaine du projet de loi réorganisant le service public de l'emploi.
Un "apport financier supplémentaire" de 5,5 milliards cumulés sur 2023-2027
La garde des enfants "est l'un des freins les plus importants, avec la mobilité, à l'accès à l'emploi. Quand un enfant arrive dans un couple, c'est souvent la femme qui est amenée à se retirer du marché du travail", a relevé Elisabeth Borne dans un entretien à Ouest-France mis en ligne mercredi soir. A Angers, avec le ministres des Solidarités Jean-Christophe Combe et la secrétaire d'Etat à l'Enfance, Charlotte Caubel, elle visitera une crèche labellisée Avip (à vocation d'insertion professionnelle), qui permet aux personnes en recherche d'emploi d'avoir une priorité dans l'affectation des places et de bénéficier d'une structure ayant une large plage horaire.
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Elle clôturera ensuite un CNR (conseil national de la refondation, ndlr) dédié à la petite enfance où elle devrait détailler le financement de 100.000 places supplémentaires en crèche d'ici 2027, avec l'objectif d'aboutir à 200.000 nouvelles places d'ici 2030. Les jeunes enfants disposent actuellement de 458.000 places en crèche, et 770.000 auprès d'assistantes maternelles. Ces nouvelles places bénéficieront d'un "apport financier supplémentaire" de 5,5 milliards cumulés sur 2023-2027, selon Matignon. Les communes de plus de 3.500 habitants deviendront par ailleurs "autorités organisatrices" de l'accueil du jeune enfant, avec comme mission de recenser les besoins, informer les familles et construire l'offre. Cette disposition figurera dans le projet de loi sur l'emploi.
Prévenir les maltraitances
Après un rapport alarmant de l'Igas (inspection générale des affaires sociales) publié en avril, qui appelait à de profondes réformes du secteur pour mieux prévenir les maltraitances, la Première ministre évoquera aussi des mesures susceptibles d'améliorer la qualité de l'accueil, comme un système de "remontée et suivi des signalements", ou davantage de contrôles. Les agréments pour les crèches seront ainsi "limités à dix ans, avec un rendez-vous systématique à mi-parcours", détaille Elisabeth Borne.
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Outre les crèches, un "Fonds d'innovation" de 70 millions d'euros développera des modes de garde "adaptés" pour les publics en difficulté, et le gouvernement va "majorer les aides des CAF (caisse d'allocations familiales) pour l'emploi d'une assistante maternelle pour que cette solution ne coûte pas plus cher qu'une crèche". Le gouvernement estime que 49% des crèches manquent de professionnels. Il sera donc aussi question des moyens pour remédier au manque d'attractivité de ces métiers, "facteur aggravant autant que symptôme" des difficultés à bien accueillir les enfants, selon l'Igas.
A Laval, avec le ministre du Travail Olivier Dussopt, Elisabeth Borne défendra le projet de loi de mise en place de "France Travail" qui doit succéder à "Pôle Emploi" pour mieux coordonner les différents acteurs de l'emploi. Elle participera à cette occasion à un "job dating" avec plusieurs entreprises confrontées à des difficultés de recrutement et signera un "protocole" Etat-région pour "pousser le curseur un peu plus loin" dans la gouvernance locale de l'emploi.