Quelques jours après la teneur de propos racistes à l'Assemblée Nationale par le député RN Grégoire de Fournas, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pointe du doigt la gestion de l'affaire par le Rassemblement national. Pour lui, le soutien du parti envers la faute de son député montre le début d'une renaissance du Front national de Jean-Marie Le Pen. Invité du Grand Rendez-vous codiffusé sur Europe 1, CNews et Les Echos, Gérald Darmanin estime que la phrase "qu'ils retournent en Afrique" prononcée par le député de la Gironde devait être condamnée, ceci incluant son propre parti.
Une solidarité envers De Fournas déplacée
"Ses explications alambiquées ne trompent personne", a lancé le ministre de l'Intérieur, faisant référence à la défense de Grégoire de Fournas, qui a expliqué parler des bateaux de migrants et non du député Carlos Martens Bilongo lors de son intervention à l'Assemblée. "Je crois qu'il y a un faisceau d'indices", a-t-il dit avant de préciser, "ce personnage aurait dû tout de suite s'excuser et il ne l'a même pas fait".
Ainsi, pour l'homme politique, le Rassemblement national aurait dû prendre ses responsabilités, et sanctionner son député. Vendredi, lors du vote de l'hémicycle, tous les députés de la majorité, de droite et de gauche ont voté à l'unisson pour l'exclusion de Grégoire de Fournas. Seul le RN a défendu bec et ongle l'élu de Gironde.
"Ce qui est incroyable, c’est qu’on aurait tous cru que Madame Le Pen aurait tiré les conclusions immédiates de ce qui s'est passé dans l'hémicycle et aurait elle-même tancé son parlementaire, voire l'aurait exclu pour montrer qu'en effet elle n'était pas dans la filiation de son père et du Front National", juge le ministre. "Elle ne l'a pas fait. Elle a commis une erreur énorme", lance-t-il.
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Le RN, "pas un parti comme les autres"
Pour Gérald Darmanin, ce n'est pas seulement une erreur politique, "après des années à essayer de montrer que le diable s'habille en Prada", mais aussi la preuve d'une solidarité, "un peu cachée désormais", du Rassemblement national qui a tenu des propos "ignominieux". Dès lors, c'est l'ensemble du parti qui peut être qualifié d'honteux et d'ignominieux pour le ministre de l'Intérieur.
Gérald Darmanin insiste, "c'est pour ça que je combats le Rassemblement national, et c'est pour ça que ce n'est pas un parti comme les autres". Si Marine Le Pen et Jordan Bardella, récemment à la tête du parti d'extrême droite, ont essayé de se dédiaboliser pendant plusieurs mois et années, ils se font "rattraper au grand galop" estime-t-il. "La stratégie de Madame Le Pen d’essayer de se modérer s’est fracassée vendredi sur la personnalité de ce parlementaire."
La question identitaire resterait donc l'essence du parti d'opposition pour l'ex-maire de Tourcoing, malgré sa volonté d'avancer sur les questions sociales. "Combien y a-t-il d’autres Monsieur de Fournas parmi les 80 parlementaires RN ? Je pense que dans les semaines et les mois qui viendront, nous le constateront."