Emmanuel Macron a accusé mercredi son adversaire d'extrême droite à la présidentielle Marine Le Pen de "dérive autoritaire" à l'égard de la presse et des institutions, cette dernière fustigeant en retour sa "fébrilité". Quand la candidate du Rassemblement national "dit 'vous êtes journaliste, mais monsieur ne l'est pas parce qu'il dit des choses qui ne me plaisent pas', on a le début d'une dérive autoritaire", a déclaré mercredi matin sur France 2 le président candidat, en notant que le même jour son opposante avait proposé de "changer la Constitution à sa main".
"Qu'il aille plutôt sur le fond de mon projet"
Interrogée sur ces propos, la prétendante d'extrême droite s'est demandé ironiquement s'il s'agissait du "même président de la République qui a supprimé la salle de presse à l'Élysée" et "qui a créé un scandale au sein des rédactions parce qu'il voulait dans chaque rédaction choisir les journalistes qui le suivaient".
"Tout ça démontre une forme de fébrilité de la part du président. Emmanuel Macron n'a manifestement pas beaucoup d'accroches en ce qui me concerne, qu'il aille plutôt sur le fond de mon projet", a ajouté la candidate, qui visitait une usine de béton à Gennevilliers (Seine-Saint-Denis).
Interrogée le fait que des journalistes n'avaient pas été conviés à ce déplacement, elle a affirmé qu'il s'agissait d'un "problème de place". "On ne peut pas, pour des raisons de sécurité, avoir l'intégralité des journalistes sur un chantier dangereux comme celui-là".
Marginalisation de certains médias
Marine Le Pen avait assumé mardi de marginaliser les journalistes de l'émission TV Quotidien, accusés de faire du "divertissement" et non de "l'information", lors d'une conférence de presse sur les institutions et la vie démocratique.
Les relations entre le RN et la presse sont parfois émaillées de tensions. En septembre 2019, le RN avait temporairement retiré l'accréditation à un journaliste de Libération pour couvrir son université d'été à Fréjus (Var), après la diffusion par le quotidien d'un portrait du maire RN de la ville.
A Mayotte en décembre, le média Mayotte Hebdo avait protesté contre l'interdiction faite par l'équipe de la candidate, à un de ses journalistes, de continuer à la suivre sur l'île. Les journalistes de Mediapart, jusqu'à cette campagne, n'étaient pas accrédités aux événements du RN.
De son côté, à peine arrivée en 2017, l'équipe d'Emmanuel Macron avait lancé un projet de fermer la salle de presse donnant sur la cour d'honneur pour la déplacer dans une rue adjacente. Après la mobilisation des journalistes accrédités et de certaines rédactions, elle avait fait partiellement machine arrière début 2019 en préservant la salle de presse, tout en l'amputant de la moitié de son espace pour créer un bureau pour les services de sécurité.
En mai 2017, les rédactions avaient également protesté contre la volonté de l'Elysée de privilégier des journalistes spécialisés en diplomatie et défense, et non en politique, pour suivre le premier déplacement d'Emmanuel Macron au Mali. Finalement, la présidence avait plaidé l'incompréhension et assuré qu'elle n'entendait "pas faire le travail des rédactions" à leur place.