Emmanuel Macron interpellé par un chômeur : "Faire de la pédagogie ça n'est pas donner la leçon", tacle Xavier Bertrand

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Romain David , modifié à
Pour le président des Hauts-de-France, interrogé mardi sur Europe 1, le chef de l'Etat, par ses déclarations, alimente la fracture entre les chômeurs et les actifs.
INTERVIEW

"Je traverse la rue et je vous en trouve". Le conseil, un peu rude, d'Emmanuel Macron à un jeune homme en recherche d'emploi a décidément bien du mal à passer. Interpellé dans les jardins de l'Elysée par un horticulteur au chômage, le chef de l'Etat l'a invité à changer de secteur. "Dans l’hôtellerie, les cafés, la restauration, le bâtiment, il n’y a pas un endroit où je vais où ils ne me disent pas qu’ils cherchent des gens", a-t-il assuré à ce visiteur venu admirer le palais présidentiel à l'occasion des Journées du Patrimoine.

>> EXCLU EUROPE 1. Découvrez la réaction du jeune homme au chômage sermonné par Emmanuel Macron :

"J'avais cru comprendre que le président voulait faire de la pédagogie. Faire de la pédagogie ça n'est pas donner la leçon", a réagi mardi Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, au micro d'Audrey Crespo-Mara sur Europe 1. "Le rôle d'un président c'est de trouver des solutions, pas de faire de la communication matin, midi et soir, week-ends compris", tacle encore l'élu.

Une rue de 21 kilomètres. "Ce qui ne me plait pas dans ce débat, c'est qu'il est encore en train de créer une facture entre les Français", estime Xavier Bertrand à propos d'Emmanuel Macron. "Quand vous êtes au chômage, vous ne pouvez pas dire non à des offres d'emploi, mais derrière ça il faut aussi comprendre qu'il y a beaucoup de chômeurs, la très large partie, pour qui ça n'est pas qu'ils ne veulent pas bosser, c'est que c'est plus compliqué", pointe-t-il.

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"Le président a dit : 'il suffit de traverser la rue' . Je vais vous donner un exemple : […] j'ai rencontré un jeune lors de l'une des permanences pour l'emploi qu'organise le Conseil régional. Il me dit : 'il y a du boulot sur la côte, plus qu'ici, mais je n'ai pas le permis'. Eh bien dis donc, la rue… elle fait 21 kilomètres ! Ça n'est pas si simple que ça", martèle Xavier Bertrand.

Un gouvernement trop loin des Français. "Il faut bien comprendre qu'il y a beaucoup de Français pour qui la vie est dure et leur tendre la main n'est pas interdit, c'est plutôt conseillé pour faire reculer le chômage", ajoute l'ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy, pour qui cet épisode trahit une forme d'isolement  de la part de l'exécutif. "C'est un pouvoir qui n'écoute pas, qui est technocratique, et surtout - c'est la marque du président dans son entretien avec ce jeune homme -, qui est décalé, loin des Français et de leurs préoccupations", conclut-il.