Emmanuel Macron, Michel Barnier, Marine Le Pen : chassé-croisé inédit à Bruxelles

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Emmanuel Macron et Michel Barnier à Bruxelles, Marine Le Pen en embuscade : un trio inédit a fait son apparition jeudi dans la capitale belge à l'occasion d'un sommet européen.

Jeudi, un trio politique inédit s'est formé à Bruxelles lors d'un sommet européen. Emmanuel Macron, Michel Barnier, et Marine Le Pen, trois figures centrales de la politique française, étaient présents pour des motifs et des agendas bien distincts, dessinant une nouvelle configuration dans la représentation de la France au niveau européen. Le Premier ministre français avait rendez-vous avec les dirigeants du Parti populaire européen (PPE, droite), sa couleur politique, dont la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen. 

Michel Barnier : nouveau visage de la cohabitation en Europe

Nommé Premier ministre le 5 septembre après la dissolution de l’Assemblée nationale, Michel Barnier a fait une entrée discrète dans la scène européenne, en évitant la presse lors de sa venue. Ancien commissaire européen et négociateur du Brexit, Michel Barnier évolue en terrain familier à Bruxelles, notamment au sein du Parti populaire européen (PPE), le principal groupe de droite auquel il appartient.

Sa présence à Bruxelles soulève des questions sur le partage des rôles entre lui et Emmanuel Macron dans cette situation de semi-cohabitation. Traditionnellement, seul le président de la République représente la France lors des sommets européens. Cependant, le Premier ministre, participe désormais à des réunions de groupes politiques, comme celle du PPE, renforçant la nouvelle dynamique politique française en Europe.

Le Parti populaire européen (PPE) a accueilli avec enthousiasme la venue de Michel Barnier. Manfred Weber, président du groupe PPE, a salué "son expérience et sa capacité à représenter la France au sein de la famille politique de droite". Le PPE a consolidé sa position au sein de l'exécutif bruxellois après les élections européennes de juin, et la présence de Barnier contribue à renforcer encore cette influence.

La relation entre Michel Barnier et le président, bien que marquée par des approches politiques différentes, semble pour l’instant se maintenir dans un cadre de coopération et de respect mutuel, chaque acteur restant dans son rôle.

L’ombre de la droite radicale en embuscade

Pendant ce temps, Marine Le Pen, figure du Rassemblement national (RN), faisait elle aussi son apparition à Bruxelles. Elle participait à la première rencontre des Patriotes pour l'Europe, le nouveau groupe de droite radicale initié par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Cette réunion marque une étape dans la structuration de la droite populiste européenne, qui gagne en influence et devient désormais la troisième force au Parlement européen, devant le groupe centriste Renew, auquel appartient Macron.

Marine Le Pen a saisi cette opportunité pour critiquer vivement la gestion de l’immigration par le gouvernement français, dénonçant un "double discours" de Michel Barnier et du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Selon elle, "ils durcissent leur discours en France pour séduire l'électorat de droite, tout en soutenant à Bruxelles des accords européens favorisant, l’augmentation des flux migratoires."

Maintenir le cap européen

De son côté, Emmanuel Macron a participé à la réunion de Renew, son groupe politique, avant de rejoindre le sommet des "Vingt-Sept", où il a continué à représenter seul la France. Habitué à ces rendez-vous européens, le Président reste un acteur central sur la scène européenne, même si la présence de Michel Barnier introduit une nouvelle dynamique au sein de la délégation française.

Bien qu’il n’y ait pas eu de rivalité ouverte entre les eux chefs politique, la question d’une éventuelle concurrence entre les deux hommes plane sur cette nouvelle configuration politique. L’équilibre reste fragile, alors que la France, affaiblie par des déficits budgétaires élevés, doit se montrer unie pour convaincre ses partenaires européens de son sérieux en matière de gestion financière.

La France, affaiblie par l'explosion des déficits et l'attelage fragile à la tête de l'Etat, doit aussi avancer unie si elle veut convaincre ses partenaires de sa volonté de revenir à plus de sérieux budgétaire.

Un message relayé sans ambages côté européen. "Il ne faut pas diviser Macron et Barnier", estime le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani. "La France a un président qui la représente mais aussi un Premier ministre fort désormais pour représenter ses intérêts dans la grande famille du PPE", pointe de son côté Manfred Weber.