Mark Zuckerberg est en campagne ! Le patron de Facebook doit être reçu par Emmanuel Macron à l’Élysée vendredi, à 15h. Un an après leur premier entretien en tête-à-tête, les deux hommes doivent aborder l’épineuse question de la régulation d’Internet.
Facebook sous le feu des critiques
Il y a un an, Mark Zuckerberg était venu offrir son expertise au président français pour tenter d’aboutir à une "loi européenne contre la propagande terroriste et le harcèlement sur le net". Une offre qui s’est depuis concrétisée puisqu’un groupe d’experts français s'est rendu en Californie pour observer les méthodes de Facebook en termes de régulation des contenus. Les conclusions de cette mission ont été remises au secrétaire d’État au numérique Cédric O, vendredi matin et doivent être publiées lors de la recontre entre Mark Zuckerberg et Emmanuel Macron.
Mais, en un an, le rapport de force s’est inversé. Facebook est sous le feu des critiques à cause des fuites de données personnelles à répétition mais aussi pour ses difficultés à contrer les discours haineux. La pression s’est accentuée après l’attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en mars : le réseau social n'avait pas pu empêcher la diffusion en direct de la fusillade par le tueur.
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Résultat, c’est maintenant Mark Zuckerberg qui en appelle à Emmanuel Macron. Dans la lignée de sa tribune publiée dans la presse fin mars, où il appelait les États à jouer un "rôle plus actif" pour réguler Internet (diffusion des contenus violents et haineux, intégrité des élections, protection de la vie privée, portabilité des données), le patron de Facebook le reconnaît : tout seul, il n’arrivera à rien. La rencontre de vendredi doit ainsi servir à renforcer cette coopération entre les pouvoirs publics et le réseau social.
Longtemps perçu comme deconnecté de la réalité, voire arrogant, Mark Zuckerberg a, semble-t-il, changé. C'est en tout cas le sentiment de Nicolas Barré, l'éditorialiste économique d'Europe 1, qui a pu rencontrer le parton de Facebook jeudi soir. "Mark Zuckerberg a besoin de convaincre. Il a changé. Je l’ai trouvé plus humble, plus à l’écoute. Facebook est un énorme rouleau compresseur que certains veulent démanteler (voir encadré ci-dessous). C’est pour ça que Zuckerberg est plus attentif aux critiques. Et prêt à écouter ce que lui disent les dirigeants politiques comme Emmanuel Macron, avec qui, quand même, il a tendance à parler d’égal à égal…", estime Nicolas Barré.
Mark Zuckerberg cherche du soutien
"Mark a rencontré ces derniers temps des dirigeants et des responsables politiques à travers l'Europe pour discuter de la future régulation d'internet", a indiqué Facebook. Le PDG de 34 ans "rencontrera le président Macron pour discuter du projet de corégulation lancé l'an dernier par Facebook et le gouvernement français pour développer des propositions conjointes pour combattre les contenus haineux en ligne", a précisé le groupe américain.
En face de Mark Zuckerberg, Emmanuel Macron va pouvoir mettre en avant la bonne volonté de la France. La proposition de loi "visant à lutter contre la haine sur Internet", portée par députée de La République en Marche Laetitia Avia, doit bientôt être débattue au Parlement. Le texte prévoit notamment d’imposer aux réseaux sociaux de retirer "dans un délai de 24 heures après notification tout contenu comportant manifestement une incitation à la haine ou une injure discriminatoire à raison de la race, de la religion, du sexe, de l'orientation sexuelle ou du handicap".
"Il est temps de démanteler Facebook"
Une nouvelle voix s'est élevée jeudi contre Facebook et pas des moindres : l'un de ses cofondateurs, Chris Hughes, a appelé dans une longue tribune au vitriol à démanteler le groupe et à lui imposer un contrôle strict. Chris Hughes, qui a fondé le réseau social avec Mark Zuckerberg il y a quinze ans dans un dortoir de l'université de Harvard, le dit tout de go dans le New York Times : "Il est temps de démanteler Facebook" en séparant le réseau social, son activité originelle, des applications Instagram et WhatsApp.
Celui qui a depuis quitté l'entreprise et affirme avoir vendu ses parts en 2012 s'en prend même directement à l'actuel patron, Mark Zuckerberg, qu'il accuse d'avoir sacrifié la protection de la vie privée des utilisateurs au profit du "clic" et d'avoir éliminé la concurrence sans état d'âme. "Je suis en colère du fait que la priorité qu'il a accordée à la croissance l'ait amené à négliger la sécurité et la civilité pour la course aux clics", regrette-t-il.