Gabriel Attal a mis sur pause la réforme controversée de l'assurance chômage, dénoncée tant par l'extrême droite que par l'alliance de gauche, qui ont largement distancé le camp présidentiel dimanche soir au 1er tour des législatives. Le Premier ministre "a décidé ce (dimanche) soir de suspendre la mise en œuvre de la réforme de l'assurance chômage", qui visait notamment à durcir les conditions d'accès aux indemnités, a déclaré à l'AFP l'entourage du chef du gouvernement.
La réforme n'est pas enterrée, mais pourra "de discussions entre forces républicaines"
Très critiquée par les syndicats, cette réforme, prévue pour entrer en vigueur au 1er décembre, devait être entérinée par un décret publié au Journal officiel lundi. Mais le Rassemblement national (RN), à l'extrême droite, comme la gauche, réunie dans le Nouveau Front populaire (NFP), avaient promis d'abroger ce projet, qui devait durcir à plusieurs titres les droits des demandeurs d'emplois. Dans un contexte très difficile pour le camp présidentiel, largement distancé au premier tour des législatives par le RN, nettement en tête, mais aussi la gauche, le Premier ministre a donc préféré suspendre le projet.
La réforme n'est pas enterrée, mais pourra "faire l'objet d'aménagements, de discussions entre forces républicaines", selon l'entourage de Gabriel Attal, renvoyant à de "futures majorités de projets et d'idées" après le deuxième tour des législatives. Afin d'éviter un vide juridique, les règles actuelles n'étant valables que jusqu'à ce dimanche, un "décret de jointure" a été publié exceptionnellement lundi matin pour prolonger les conditions en vigueur "jusqu'au 31 juillet".
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"Il faut maintenant abandonner définitivement cette réforme injuste et violente"
La réforme devait réduire à partir du 1er décembre la durée maximale d'indemnisation de 18 à 15 mois pour les personnes âgées de moins de 57 ans. Il aurait aussi fallu avoir travaillé huit mois sur les 20 derniers mois pour être indemnisé, contre six mois au cours des 24 derniers mois actuellement. Le camp présidentiel avait répété assumer cette réforme au nom du plein emploi. Mi-juin, le président Emmanuel Macron l'a qualifiée d'"indispensable" et a jugé que le gouvernement avait "raison de l'assumer en campagne", mais a assuré être ouvert sur les "modalités".
D'autres voix gouvernementales plaidaient pour une réouverture du sujet après les législatives, au vu de l'opposition des différentes forces politiques non macronistes. "J'en ai un peu assez qu'on demande systématiquement des efforts toujours aux mêmes", a notamment affirmé le chef de file du RN Jordan Bardella. Côté Nouveau Front populaire, où on entend l'"abroger immédiatement", la réforme est vue comme "cruelle".
À droite, les Républicains (LR) se montrent plus divisés, certains soutenant en partie le projet tandis que d'autres s'y opposent. Les syndicats, eux, sont farouchement opposés à cette réforme qui vient s'ajouter à celles de 2021 et de 2023 : ils craignent une précarisation accrue des chômeurs, notamment parmi les jeunes et les seniors. Mi-juin, dans un communiqué conjoint, les huit confédérations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU) avaient exhorté le gouvernement à "renoncer à la réforme la plus inutile, la plus injuste et la plus violente jamais vue".
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La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, avait notamment dit sa "colère", dénonçant une réforme "uniquement budgétaire" qui va faire "la poche des chômeurs". "C'est une excellente nouvelle", a réagi dimanche soir auprès de l'AFP la leader de la CGT Sophie Binet. "Il faut maintenant abandonner définitivement cette réforme injuste et violente qui menace de faire basculer dans la pauvreté plus d'un million de travailleurs et de travailleuses."