Le gouvernement a présenté lundi les conclusions du "grand débat", à laquelle des centaines de milliers de citoyens ont participé en un peu plus de deux mois. Dans un discours d'un peu plus de 20 minutes, le Premier ministre Édouard Philippe a mis en avant "quatre exigences" qui ressortent de cette vaste consultation, lancée pour répondre à la crise des "gilets jaunes". Les participants ont ainsi demandé en priorité une baisse des impôts, une plus grande proximité des services publics, une réforme des institutions et une intensification de la lutte contre le changement climatique. Emmanuel Macron devrait présenter les premières mesures concrètes d'ici mi-avril.
Les trois infos à retenir :
- "Quatre exigences" ressortent du "grand débat" : baisse des impôts, proximité des services publics, réforme des institutions et lutte contre le changement climatique
- "Toute frilosité" dans les décisions serait "impardonnable", a estimé le Premier ministre
- Emmanuel Macron devrait présenter les premières mesures concrètes mi-avril
Quatre "exigences" majeures
"Nous devons baisser et baisser plus vite les impôts." Édouard Philippe a présenté "quatre exigences" qui ressortent du "grand débat". La première d'entre elle est une "immense exaspération fiscale". "Il y a une immense exaspération fiscale, qui ne date pas d’hier. Mon gouvernement en assume une part de responsabilité. Notre pays a atteint aujourd’hui une sorte de tolérance fiscale zéro, qui est souvent exprimée comme telle. Nous devons baisser et baisser plus vite les impôts", a déclaré le Premier ministre.
Un besoin de proximité des services publics. Autre thème fort qui a été mis en avant par les citoyens : un besoin de proximité des services publics. "La deuxième exigence est une exigence de fraternité, de proximité, de lien quotidien. L’isolement, l’abandon, l’indifférence, le manque de considération reviennent dans de nombreux mots. La réponse à ce profond malaise consiste probablement à rétablir l’équilibre entre les métropoles et les communes qui se trouvent à l’extérieur. Je crois que c’est possible. Nous devrons réinvestir dans les transports du quotidien. Le service aux usagers doit primer. C’est assez facile à formuler, mais très difficile à accomplir", a poursuivi Édouard Philippe.
"Les Français veulent une démocratie plus représentative, plus transparente". Les contributeurs au "grand débat" ont également demandé une réforme des institutions, avec une "démocratie plus représentative, plus transparente". "La troisième exigence est une exigence démocratique. Le président l’a dit : nous ne sommes pas parvenus à réconcilier les Français avec ceux qui les dirigent. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les mots très violents employés, très souvent, contre le gouvernement, les élus. Les Français nous demandent de mieux identifier qui fait quoi dans le mille-feuille actuel. La deuxième chose est de construire une démocratie plus contributive. Les Français veulent une démocratie plus représentative, plus transparente, et une exemplarité encore renforcée."
Les Français "prêts à changer de comportements" face à l'urgence climatique, mais refusent de nouvelles taxes. La lutte contre le changement climatique est, enfin, le dernier thème majeur mis en avant dans le "grand débat". Les Français, qui se disent "prêts à changer de comportements", refusent cependant toute nouvelle "taxe" écologique. "La dernière exigence est une urgence : une urgence climatique dont les Français ont une pleine conscience. Les Français ne sont pas climato-sceptiques. Nos concitoyens sont prêts à changer de comportements dans de nombreux domaines, en revanche ils ne veulent pas de taxes", a diagnostiqué le Premier ministre.
La santé régulièrement évoquée. D'autres sujets, comme les retraites ou la dépendance, ont également été abordés par les participants. La santé a aussi figuré en bonne place dans les contributions citoyennes. "La thématique de la santé s’est invitée dans les questions que nous avions posées aux Français : l’accès à un médecin traitant, l’accès au tissu hospitalier… Tous ces sujets sont au cœur des préoccupations des Français, et partout sur le territoire", a détaillé Édouard Philippe.
"Toute frilosité" dans les décisions serait "impardonnable"
Le Premier ministre n'a pas présenté de mesures concrètes pour répondre au "grand débat", mais il a estimé que "toute frilosité" dans les décisions serait "impardonnable". "Nous sommes parvenus à une situation où hésiter serait pire qu'une erreur, ce serait une faute. Le besoin de changement est si radical que tout conservatisme, toute frilosité serait à mes yeux impardonnable", a déclaré Édouard Philippe. Les premières mesures concrètes devraient être annoncées d'ici mi-avril par Emmanuel Macron, et pourraient être distillées jusqu'à cet été.
Édouard Philippe a profité de ce discours pour regretter la "défiance" manifestée au moment de l'instauration de la limitation de vitesse à 80 km/h. "La bonne foi, c'est celle qui m'a par exemple conduit à instaurer le 80 km/h parce que je ne pouvais pas accepter l'hécatombe quotidienne qui brise des vies, des familles, des existences (...) Je voulais sauver des vies, on m'a accusé de vouloir remplir les caisses" de l'État, a-t-il regretté. La limitation de vitesse à 80 km/h, entrée en vigueur le 1er juillet 2018, a été parmi les mesures les plus contestées dans la crise des "gilets jaunes".
Un "débat démocratique", "loin des violences" de certains
Le Premier ministre a également salué la bonne tenue du "grand débat" tout en critiquant, dans une allusion claire, le mouvement des "gilets jaunes". "Ces réunions ont fait honneur à leurs participants (...), elles ont fait honneur au débat démocratique en étant très loin des exemples de violences que d'autres se complaisent à donner chaque samedi", a estimé Édouard Philippe.
Le chef du gouvernement a, enfin, souligné que cette synthèse du "grand débat" n'a "pas l'exhaustivité comme objectif". "Toute synthèse paraîtra un peu réductrice. Nous n’avons pas évoqué les situations individuelles qui ont été au cœur de ce grand débat. Cette synthèse n’a pas l’exhaustivité comme objectif", a-t-il précisé. Histoire de se prémunir contre toute déception.