Budget de la Sécu : Macron dit qu'il ne peut «pas croire au vote de la censure»
Le débat suivi d'un vote sur les motions de censure déposées par la gauche et le Rassemblement national contre le gouvernement de Michel Barnier aura lieu mercredi à 16 heures, a-t-on appris mardi de sources parlementaires. Avant cela, Michel Barnier a tenu à déclarer qu'une possible censure rendrait "tout plus difficile et plus grave".
Ambiance de fin de règne au lendemain du déclenchement du 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale : menacée par une motion de censure, la coalition de Michel Barnier appelle à la responsabilité pour ne pas faire tomber le gouvernement et éviter un "chaos" politique et budgétaire. La séance de questions au gouvernement prévue dans l'après-midi à l'Assemblée promet d'être tendue, alors que les députés seront appelés dans la semaine à se prononcer sur une motion de censure qui a toutes les chances d'être approuvée, la gauche et le Rassemblement national ayant annoncé qu'ils la voteraient.
Les informations à retenir :
- Lundi, le Premier ministre a engagé sans surprise la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS)
- Pour faire chuter le gouvernement, 288 députés devront voter la censure
- Michel Barnier sera l'invité du 20H sur TF1 et France 2 ce mardi soir
- Les motions de censure contre le gouvernement Barnier seront débattues mercredi à 16 heures
- Le Premier prévient qu'une censure "rendra tout plus difficile et plus grave"
- Emmanuel Macron dit ne pas croire à la censure du gouvernement Barnier et rejette les appels à sa démission
Appels à la démission : "c'est de la politique fiction", répond Macron
Emmanuel Macron a estimé mardi que les appels à sa démission de la part d'opposants étaient de "la politique fiction", assurant qu'il n'avait jamais songé à quitter l'Elysée avant la fin de son mandat en 2027.
"Ça n'a pas de sens", "c'est franchement pas à la hauteur de dire ces choses-là", a déclaré le président de la République à des journalistes en marge de sa visite en Arabie saoudite. "Il se trouve que si je suis devant vous, c'est que j'ai été élu deux fois par le peuple français. J'en suis extrêmement fier et j'honorerai cette confiance avec toute l'énergie qui est la mienne jusqu'à la dernière seconde pour être utile au pays", a-t-il ajouté.
Macron dit qu'il ne peut "pas croire au vote de la censure" du gouvernement Barnier
Emmanuel Macron a affirmé mardi qu'il ne pouvait "pas croire au vote d'une censure" du gouvernement de Michel Barnier, ajoutant faire "confiance à la cohérence des gens". "Ma priorité, c'est la stabilité", a déclaré le chef de l'Etat à des journalistes en marge de sa visite en Arabie saoudite. Selon lui, le Rassemblement national serait d'un "cynisme insoutenable" s'il votait la motion déposée par la gauche, "qui insulte ses électeurs", tandis que le Parti socialiste, et notamment l'ex-président François Hollande, feraient preuve d'une "perte de repères complète" en votant la censure.
Emmanuel Macron a appelé mardi à ne "pas faire peur aux gens" en évoquant des risques de crise financière si le gouvernement de Michel Barnier était effectivement renversé mercredi, en plein débat budgétaire. "Il ne faut pas faire peur aux gens avec ces choses-là, on a une économie forte", a exhorté le président en marge d'une visite d'Etat en Arabie Saoudite. "La France est un pays riche, solide, qui a fait beaucoup de réformes et qui les tient, qui a des institutions stables, une Constitution stable", a-t-il fait valoir.
La censure "rendra tout plus difficile et plus grave", prévient Barnier
La censure "rendra tout plus difficile et plus grave", a prévenu mardi le Premier ministre Michel Barnier, à la veille du vote d'une motion par la gauche et l'extrême droite qui peut faire tomber son gouvernement.
"La situation est difficile sur le plan budgétaire, sur le plan financier" et "très difficile sur le plan économique et social", "retenez bien (...) que la censure dont il est question demain (mercredi) (...) rendra tout plus difficile et plus grave", a-t-il affirmé devant l'Assemblée nationale, en répondant au chef de file des députés communistes, André Chassaigne, pour qui "c'est de (la) responsabilité" de Michel Barnier "si demain nous entrons en terrain inconnu".
"La chute de Barnier est actée"
Baroud d'honneur ou tentative ultime d'éviter la chute ? Mardi soir, le Premier ministre en sursis s'est invité à 20H sur TF1 et France 2 , où il répondra aux questions d'Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau en direct depuis Matignon, ont annoncé les deux chaînes. "La chute de Barnier est actée", a proclamé la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot. Nommé le 5 septembre, il aura tenu trois mois grâce au "soutien sans participation du RN" et, "ce qui le fera tomber, c'est justement que le RN aura cessé de le soutenir", a souligné le député PS Arthur Delaporte.
Lundi, le Premier ministre a engagé sans surprise la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), assurant avoir été "au bout du dialogue" avec les groupes politiques, y compris le Rassemblement national.
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Les motions de censure contre le gouvernement Barnier débattues mercredi
Le débat suivi d'un vote sur les motions de censure déposées par la gauche et le Rassemblement national contre le gouvernement de Michel Barnier aura lieu mercredi à 16H00, a-t-on appris mardi de sources parlementaires.
La motion de censure déposée par l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire a toutes les chances d'être adoptée puisque le RN a annoncé la soutenir. Le texte présenté par le parti de Marine Le Pen ne devrait inversement pas être appuyé par le NFP. Ces motions interviennent après que Michel Barnier a engagé la responsabilité de son gouvernement lundi sur le projet de budget pour la Sécurité sociale en déclenchant l'article 49.3 de la Constitution.
Les gestes annoncés par Barnier n'auront pas suffi
Les gestes annoncés par Michel Barnier pour répondre aux exigences du parti à la flamme - notamment sur le remboursement des médicaments - n'auront toutefois pas suffi : "Censurer ce budget est, hélas, la seule manière que nous donne la Constitution pour protéger les Français d'un budget dangereux, injuste et punitif", a justifié mardi Marine Le Pen sur X.
Voter la censure, "c'est notre devoir", a confirmé mardi l'un de ses principaux lieutenants, le député Jean-Philippe Tanguy sur Europe1-Cnews. "Nous n'allons pas confier davantage les cordons de la bourse de la France à des gens qui sont incapables".
Mardi matin, les ministres se sont succédé sur les radios et télévisions pour agiter le risque du "chaos". "C'est le pays qu'on met en danger ", s'est inquiété le ministre de l'Économie Antoine Armand. "Est-ce qu'on veut vraiment le chaos ? Est-ce qu'on veut une crise économique qui touchera les plus fragiles ? ", a lancé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur TF1. Le puissant locataire de Beauvau a même fait "le pari qu'avec Michel Barnier, nous parviendrons à écarter la motion de censure".
Mais rien n'est moins sûr. Dans la matinée, la conférence des présidents de l'Assemblée nationale devrait selon toute vraisemblance décider de la date - sans doute mercredi ou jeudi - du débat et du vote sur les motions de censure déposées par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national.
Le gouvernement Barnier pourrait devenir le plus court de l'histoire de la Ve République
L'adoption par l'Assemblée nationale d'une telle motion serait une première depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus court de l'histoire de la Ve République.
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Pour faire chuter le gouvernement, 288 députés devront voter la censure
Pour faire chuter le gouvernement, 288 députés devront voter la censure, soit un nombre très largement à la portée d'une alliance de circonstances entre la gauche et le RN. Si l'exécutif tombait, la France s'enfoncerait encore plus dans la crise politique créée par la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin. Sur les marchés financiers, les taux d'intérêt auxquels emprunte la France se sont tendus face aux incertitudes sur le gouvernement et la capacité du pays à réduire les déficits.
L'Élysée n'a fait aucun commentaire sur la nouvelle donne politique, alors qu'Emmanuel Macron a atterri lundi à Ryad pour une visite d'État de trois jours en Arabie saoudite. Mais c'est bien le chef de l'État qui aura rapidement la main car, si le scénario d'une censure se confirme, il devra nommer un nouveau Premier ministre.
Le Sénat continue de débattre mardi du budget de l'État
À gauche, on rejette le procès en irresponsabilité. "Ne disons pas que si cette motion de censure est votée, tout va s'effondrer : c'est si elle n'est pas votée que ça continuera", a avancé la cheffe des Écologistes Marine Tondelier sur franceinfo, pointant un budget qui "aurait des conséquences absolument délétères sur la vie quotidienne des Français". "C'est le Front populaire au gouvernement et le Front républicain à l'Assemblée. C'est ainsi qu'on peut progresser", a défendu le premier secrétaire du PS, Olivier Faure sur BFMTV-RMC, rappelant que son parti appelait à la recherche de "compromis texte par texte" sur la base d'un "projet de gauche" dans une Assemblée complètement fracturée.
En attendant, le Sénat continue de débattre mardi du budget de l'État - texte sur lequel le recours au 49.3 semblait de toute façon également inévitable. Et une commission mixte paritaire (CMP), associant sept députés et sept sénateurs, doit se pencher sur le budget de "fin de gestion" pour 2024, qui permet au gouvernement de fixer d'ultimes ajustements budgétaires pour l'année en cours.