Énergie : pour Pompili, "d'ici à 15 ans, le renouvelable est la seule solution"

  • Copié
, modifié à
Confronté à la flambée des prix de l'énergie, l'exécutif réfléchit à accélérer la production nucléaire pour répondre aux besoins à bas coût. Mais pour la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, "d'ici à 15 ans, on n'a pas le temps de construire une centrale". Les énergies renouvelables sont la "seule solution".
INTERVIEW

La flambée des prix du gaz et de l'électricité rebattent-elles les cartes du mix énergétique français ? Pour l'instant, l'exécutif est contraint de sortir un "bouclier tarifaire" pour protéger le pouvoir d'achat des Français, notamment les plus modestes. Mais à plus long terme, il se pose la question de l'accélération de sa production nucléaire, afin de produire de l'électricité peu chère. Interrogée sur cette question sur Europe 1 vendredi, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a eu bien du mal à soutenir cette idée.

La demande d'électricité va exploser

"Mon rôle, c'est de baisser nos émissions de gaz à effet de serre", a-t-elle expliqué. "De l'autre côté, il faut faire en sorte que nous puissions avoir assez d'électricité pour faire face à la demande." Car cette demande va "exploser" avec le passage à des énergies décarbonées. Dès lors, plusieurs réponses sont possibles. L'Élysée réfléchirait à construire des SMR, réacteurs nucléaire modulaires nouvelle génération... mais ceux-ci n'existent pas encore et rien ne dit qu'EDF est capable d'en produire.

Pour Barbara Pompili donc, envisager le nucléaire pour répondre à une demande d'électricité dans les années à venir est illusoire. "D’ici à 15 ans, on n’a pas le temps de construire une centrale nucléaire. Donc d’ici à 15 ans, il n’y a qu’une seule solution : des énergies renouvelables, massivement." Selon la ministre de la Transition écologique, qui a cité un sondage, "73% de la population est favorable aux éoliennes", en dépit de points de blocage, comme sur l'île d'Oléron, où un projet d'éoliennes offshore suscite l'inquiétude. "Ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas voir les problèmes sur certains territoires", reconnaît d'ailleurs Barbara Pompili.

"Pragmatisme et efficacité"

La ministre ne balaie d'ailleurs pas totalement le nucléaire dans l'absolu. "Je serai la ministre qui soutiendra le pragmatisme et l'efficacité", assure-t-elle. "On a besoin de tout. Il y a des scénarios avec du nucléaire, nous regarderons s’ils sont les plus adaptés, je prendrai mes responsabilités. Le sujet est trop grave pour céder le pas aux idéologies." Idéologies qui, selon elle, sont embrassées par les adversaires du gouvernement. "Xavier Bertrand et Yannick Jadot sont les candidats du black-out", siffle Barbara Pompili.

Néanmoins, l'ancienne députée écologiste, devenue LREM en 2017, assure qu'elle "regardera de très près la question des déchets et de la sûreté". "Toutes les énergies ont leurs avantages et leurs inconvénients. Le nucléaire aussi."