La candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse, a annoncé lundi qu'elle saisissait le CSA après l'annonce d'une émission télévisée avec Emmanuel Macron diffusée mercredi soir, au moment même où elle devait intervenir sur BFMTV. "J'ai saisi le CSA" car "on ne peut pas avoir un président candidat qui se fait ouvrir les chaînes de télévision à la demande et pendant des heures fait sa campagne, alors que ses adversaires doivent se contenter de cinq minutes de duplex pour lui répondre", a affirmé Valérie Pécresse lors d'une visite à Calais, dans le Pas-de-Calais.
Rétablir le "fair-play démocratique"
"Ce n'est pas ma conception de la démocratie" et "je demande au CSA de rétablir l'égalité des temps de parole et le fair-play démocratique", a-t-elle ajouté. Les chaînes de télévision TF1 et LCI ont annoncé lundi qu'elles diffuseraient mercredi à 21h05 un grand entretien avec le président de la République, dans lequel il sera interrogé sur le bilan de son quinquennat. Cet entretien intitulé Où va la France ? a été enregistré dans les conditions du direct, a précisé le groupe TF1 à l'AFP. Or Valérie Pécresse devait à la même heure participer à l'émission politique Face à BFM, programmée à 20h50. Cette émission a été reportée "compte tenu de l'interview d'Emmanuel Macron", a fait savoir BFMTV.
L'exemple Zemmour
"Je m'étonne que le CSA n'ait à ce jour émis aucune réserve sur l'émission", a déploré Valérie Pécresse dans sa lettre au CSA. "Cette émission ne s'inscrit pas dans l'exercice de la charge de président de la République mais bien dans le cadre de l'élection présidentielle à venir". Valérie Pécresse demande au Conseil supérieur de l'audiovisuel de "décompter" les interventions médiatiques d'Emmanuel Macron. "Monsieur Emmanuel Macron ne saurait bénéficier d'un traitement différent de celui d'un autre candidat sauf à ne pas respecter les principes le pluralisme dont le CSA est garant", souligne la candidate.
Pour appuyer son propos, la candidate LR mentionne dans sa lettre le cas d'Eric Zemmour. "Le CSA n'a pas hésité, et dès le 8 septembre, à demander aux médias audiovisuels de décompter les interventions de Monsieur Eric Zemmour portant sur le débat politique national, lequel n'était pas encore candidat déclaré à cette date", rappelle-t-elle. "Monsieur Emmanuel Macron doit lui aussi être regardé, tant par ses prises de position et ses actions, que par les commentaires auxquels elles donnent lieu, comme un acteur du débat politique national dont les interventions dans les médias doivent être décomptées".
Tous unis contre Macron
Valérie Pécresse n'est pas la seule à s'indigner face de cette "inégalité de traitement". Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, est elle-aussi montée au créneau pour dénoncer l'émission avec Emmanuel Macron. "J'ai le sentiment qu'Emmanuel Macron, plus que n'importe quel autre président, profite sans aucun complexe des pouvoirs qui sont ceux du président de la République", a-t-elle déclaré. "Qu'il soit candidat, évidemment il en a la liberté, mais je crois que l'honnêteté minimum serait de le dire et que le comportement loyal de l'ensemble des médias serait de ne pas lui offrir des conditions d'expression de sa candidature qui soient aussi manifestement différentes de celles qui sont accordées aux autres candidats qui concourent pour cette élection", a-t-elle ajouté.
"Le débat républicain mérite mieux que deux heures d'une interview du Président candidat sur TF1 et les autres candidats renvoyés au rôle de commentateur. Je saisis le CSA. L’équité est un principe fondamental de la démocratie ! La mascarade doit cesser !", a écrit pour sa part sur Twitter le candidat écologiste Yannick Jadot.
Le débat républicain mérite mieux que deux heures d’une itw du Président candidat sur #TF1 et les autres candidats renvoyés au rôle de commentateur. Je saisis le #CSA. L’équité est un principe fondamental de la démocratie ! La mascarade doit cesser !
— Yannick Jadot (@yjadot) December 14, 2021
Une tentative pour "enfumer le débat" selon Attal
"Le président de la République s'exprime devant les Français, comme c'est sa légitimité de le faire. Alors laissez chacun s'exprimer et surtout laissez les Français juger", a dit Gabriel Attal lors des questions d'actualité au gouvernement. Le secrétaire d'État a pris l'exemple de l'intervention de l'ancien président Nicolas Sarkozy qui avait, en janvier 2012, participé à une émission à l'approche de la présidentielle. Son temps de parole avait été décompté car il avait été considéré comme "présumé candidat".
"Vous êtes en train de dire l'exact inverse de ce que vous disiez il y a 10 ans, quand vous défendiez à raison la légitimité du président Sarkozy à parler de son action face à la crise jusque tard en 2012. Quand on cherche à convaincre les Français, on parle d'eux, de leurs attentes, de leurs inquiétudes, pas de tambouille politicienne ou de je ne sais quel artifice pour enfumer le débat", a ajouté Gabriel Attal.