Benoît Hamon a présenté mardi la liste qu’il conduira lui-même aux prochaines élections européennes. Cette journée acte toutefois les divisions de plus en plus profondes de la gauche française à la veille du premier scrutin national depuis la présidentielle.
Chacun pour soi. Benoît Hamon, c’est 6% des voix à la dernière élection présidentielle, un score historiquement bas qui efface 50 ans de vie du Parti socialiste. Depuis, l'ancien protégé de Martine Aubry a quitté le PS, et fondé son propre mouvement Generation.s. Il a cherché, à partir de cette nouvelle base, à refonder cette gauche qu’il avait contribué, avec d’autres, à détruire. Et refonder, quand un paysage politique est dévasté, c’est rassembler. Or la liste qu'il a présentée pour les élections européennes ne fait que marquer la division de la gauche.
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Chacun est en train d’y aller de son côté. Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, n’arrivent toujours pas à se décider, mais n’a qu’une certitude, il ne s’alliera ni à Benoît Hamon qui d’ailleurs ne le souhaite pas, ni aux Verts qui pensent que ces Européennes sont un moment de grâce pour Yannick Jadot et les écolos. Quant à Jean-Luc Mélenchon, son mépris pour tout ce qui ne procède pas de lui interdit tout rapprochement. Reste les communistes, qui justement font le choix de rester seuls.
Un morcellement des voix. On se dirige donc vers une gauche éparpillée, façon puzzle, avec des scores terribles. Tous les sondages actuels s’accordent sur un point : aucune liste n’approche les 10%. Benoît Hamon est donné à 5%, comme le PS (5%), les communistes pointent à 2%, et tout ce beau monde est emmené par les Verts (8%) et la France Insoumise (8% aussi, c'est-à-dire plus de 10 points en-dessous du score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, il y a deux ans). Au totale, la gauche n'arrive pas à passer la barre symbolique des 30%. Elle n'a jamais été aussi faible depuis la Seconde Guerre mondiale.
Des personnalités issues de la société civile. Il y a pourtant des tentatives de renfort de la part d’intellectuels comme l’essayiste Raphaël Glucksmann et son mouvement Place Publique. Ce mouvement est d’ailleurs très symptomatique de ce qui se passe à gauche en ce moment. Il se décrit comme "citoyen, écologiste et solidaire". Trois mots que l’on retrouve un peu partout dans les autres listes. En effet, si vous regardez le profil des candidats, on s’aperçoit qu’un nombre très important d’entre eux vient des rangs des ONG. La tête de liste de la France Insoumise était porte-parole de l’organisation Oxfam. À côté d’elle, il y a une femme qui a écrit un livre sur le scandale des Ehpad. Chez Benoît Hamon, on trouve le patron du Samu social de Paris, et l’ancienne présidente de Médecins du monde.
Plus de corpus idéologique, mais des combats ponctuels. Cette OPA des ONG est aussi le symptôme d’une grande perte de repère de ces partis politiques. Quand on s’investit dans une ONG, on ne milite pas pour un corpus idéologique global, non, on défend une cause, un secteur, on bataille contre tel ou tel scandale. Il ne s'agit pas d'une façon moins noble de faire de la politique, mais avec de telles listes il est probable que la campagne électorale emmène les électeurs très loin des questions européennes.