Richard Ferrand ministre un mois et deux jours. Il est le huitième ministre le plus éphémère de la Cinquième République, juste derrière Alain Juppé en 2007, démissionné au bout de 31 jours. Le ministre a été sacrifié par Emmanuel Macron pour cause de mise en examen potentielle. La règle était pourtant claire : les électeurs devaient décider de son sort. Les électeurs l’ont épargné, mais le président l'a tout de même sacrifié.
"J’ai besoin de toi". Officiellement c’est une sortie par le haut : Richard Ferrand, parlementaire expérimenté et ancien secrétaire général d’En Marche!, est l’homme clef pour présider le groupe majoritaire à l’Assemblée nationale. "Tu es le seul capable d’assurer cette mission, j’ai besoin de toi à ce poste pour réussir, Richard, je te le demande comme un service", l'a prié en substance Emmanuel Macron. Comme Bonaparte à un fidèle maréchal, le président demande à son ministre de se sacrifier, et il s’évite du même coup une possible crise gouvernementale en fonction de l’arbitrage des juges.
Les cas Bayrou et Sarnez. François Bayrou et Marielle de Sarnez, eux-aussi sont inquiétés par des enquêtes, vont-ils connaître le même sort ? À Matignon comme à l’Elysée, on botte en touche. Et pourtant, c’est là le vrai marqueur de l’autorité du président. Pourquoi sacrifier un ami, Richard Ferrand, et épargner les alliés MoDem François Bayrou et Marielle de Sarnez ? Eux aussi sont sous la menace d’une procédure judiciaire. De surcroît, François Bayrou va jusqu’à défier l’autorité du Premier ministre en expliquant qu’il parlera quand bon lui semble.
Pourquoi épargner le président du MoDem déjà largement rétribué par l’élection de 46 députés de son parti, promis à la disparition avant ces élections ? Pourquoi épargner un homme ministre pour la première fois en 1993, triple candidat à la présidentielle et qui incarne ainsi à lui seul le contre-exemple du renouvellement ?
Un réajustement en perspective ? En politique on sacrifie volontiers ses amis, et on se soumet facilement à ses alliés. Emmanuel Macron sera-t-il révolutionnaire au point de contredire cette règle intangible de la vieille politique qu’il prétend changer ? La réponse mardi ou mercredi au plus tard, avec l'annonce du gouvernement Philippe 2.