Le sujet fait débat depuis des années. Suicide assisté, euthanasie, aide à mourir... Si les termes sont nombreux et font largement débat, une question se pose en France : l'Hexagone doit-il, comme certains de ses voisins, accompagner les patients ayant une maladie grave, vers la mort ? Ce dimanche 10 mars, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé qu'un projet de loi sur la question d'une "aide à mourir" sera présenté en avril prochain devant le Conseil des ministres. L'aide sera néanmoins soumise à des "conditions strictes", prévient le chef de l'État.
Interrogé ce lundi matin sur le plateau de la Grande interview Europe 1-CNews, juge que cette annonce n'est en réalité qu'une stratégie politique, à seulement quelques semaines des élections européennes. "Je crois que personne n'est dupe du moment dans lequel cette annonce intervient. Nous sommes à la veille d'une élection européenne. On voit le président de la République qui engage le pays dans un débat infiniment complexe, au moment où on devrait pouvoir se concentrer justement sur l'enjeu des trois mois qui viennent, sur cet enjeu de l'Europe qui est absolument décisif", juge-t-il.
Soigner la souffrance
"Notre état est devant aujourd'hui des défis immenses et d'une certaine façon, il est attendu par les Français là où il faudrait résoudre les problèmes immédiats de la vie quotidienne, les problèmes les plus urgents. Je pense à la question de l'école, à la question du pouvoir d'achat, de la sécurité, à la santé", énumère-t-il.
"Je pense que les Français aborderaient différemment la question de la fin de vie. S'ils avaient la certitude que la France se donne les moyens de soigner comme il le faut tous ceux qui en ont besoin", poursuit-il, alors même que le système hospitalier français a connu des grèves de grandes ampleurs ces dernières années. Les soignants dénoncent notamment la gestion des hôpitaux, le manque de moyens ou encore des salaires pas assez attractifs.
"Les faits, c'est qu'en France, aujourd'hui, tous les jours, vous avez 500 personnes qui ont besoin de soins palliatifs et qui n'y ont pas accès. Vous avez des gens qui souffrent et qui ne sont pas soignés comme il le faudrait et comme on le pourrait parce qu'on sait soigner la souffrance", souligne François-Xavier Bellamy.
Vers des dérives ?
L'eurodéputé s'inquiète notamment des dérives qu'ils pourraient exister en cas de la légalisation de l'aide à la fin de vie. Le chef de l'État a promis un cadre de strict sur le sujet, avec notamment le consentement indispensable du patient et "un rôle majeur" pour l'équipe médicale.
"La vérité, c'est que le président renonce à la troisième voie. Il renonce au modèle français. Il dit qu'on va construire un modèle français de la fin de vie. Mais le modèle français de la fin de vie, c'est celui qui avait été posé par la loi Léonetti". Cette loi, votée dans les années 2000 et modifiée en 2016, permet de venir soulager la souffrance des patients, grâce à des soins palliatifs et d'éviter l'acharnement thérapeutique. "Plutôt que d'investir sur ce sujet fondamental, il décide d'adopter ce qui n'est pas le modèle français en fait, mais le modèle belge. (...) Mais à court terme, il y aura des dérives", conclut-il.