Au Front National, Jean-Marie Le Pen s'impatiente : il n'a toujours pas reçu la notification de son exclusion du parti. Sa fille entend jouer sur le calendrier pour neutraliser son pouvoir de nuisance. Jean-Marie Le Pen, lui, détient la clé des finances.
Une exclusion qui traîne. Marine Le Pen fera sa rentrée politique samedi à Brachay, petit village de Haute-Marne qui lui avait offert son meilleur score en 2012 - plus de 72%. La présidente du FN qui ne s’est pas exprimée publiquement depuis le bureau exécutif qui a prononcé l’exclusion de son père Jean-Marie le Pen. Une exclusion qui a donc été annoncée mais qui n'est toujours pas effective et qui ne le sera pas avant début septembre. Pourquoi ne pas prononcer l'exclusion de Jean-Marie Le Pen avant la semaine prochaine ? Pour éviter qu’un nouveau rebondissement du feuilleton politico-familial ne torpille la rentrée politique de Marine Le Pen. S’il avait reçu dès cette semaine sa lettre d’exclusion, Jean-Marie le Pen aurait eu le temps de la contester en justice, d’éventuellement gagner et d’arriver en vedette aux Universités d’été à Marseille les 5 et 6 septembre, le temps fort de la rentrée frontiste.
Pour éviter ce qui s'apparente à un cauchemar pour Marine Le Pen, le fondateur du parti sera donc seulement exclu la veille ou l’avant-veille de l’événement, soit jeudi ou vendredi prochain par une lettre portée par huissier. Un timing choisi pour interdire Jean-Marie Le Pen d’université d’été tout en l'empêchant de saisir la justice.
Quelle stratégie de Jean-Marie Le Pen ? Jean-Marie Le Pen l'a redit sur Europe1 mercredi : Il ira tout de même à Marseille pour un déjeuner avec les élus qui le soutiennent en PACA et qui rêvent d’une liste dissidente avec lui pour tête de liste. Est-ce que Jean-Marie le Pen ira jusque là ? Non, Jean-Marie Le Pen n’entrera pas dans une guerre frontale avec le FN. Marine Le Pen et la direction du Front en sont persuadées parce que le vieux chef leur en a fourni la preuve : au plus fort de la crise au mois de juillet, il a fallu débloquer des prêts aux 13 candidats aux régionales.
Or, c'est la Cotélec qui finance les campagnes du Front… un micro-parti et une association de financement présidés par Jean-Marie le Pen. C’est donc bien Jean-Marie Le Pen qui tient la caisse des campagnes électorales et qui a permis de débloquer entre 7 et 8 millions d’euros pour les 13 têtes de liste : 35.0000 euros pour la Normandie, 1 million pour l’Ile-de-France. Cotélec apporte les deux tiers du financement de la campagne des régionales, ce qui est considérable. Comme Jean-Marie le Pen n’a pas utilisé son pouvoir de blocage, certains dirigeants du FN estiment son exclusion injuste mais ils ne le disent pas tout haut.