Alain Juppé avait lancé l'offensive, mardi, sur Europe 1, contre le programme de François Fillon. Le maire de Bordeaux avait qualifié les déclarations de son adversaire du second tour sur le droit à l'avortement comme "assez ambiguës" et demandé à ce qu'il "clarifie sa position". Une polémique que l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy avait jugée "inqualifiable" le lendemain, toujours sur Europe 1. "Jamais je n'aurais pu penser que mon ami Alain Juppé tombe aussi bas", avait-il déclaré. Jeudi, lors du débat d'entre-deux-tours entre les deux adversaires, le sujet est revenu sur la table.
"Devenu en quelques jours une sorte de conservateur moyenâgeux". "François Fillon est devenu depuis quelques jours une sorte de conservateur moyenâgeux qui serait contre l'avortement", a lancé le favori des sondages, en parlant de lui à la troisième personne. Le 22 juin à Aubergenville, dans les Yvelines, lors d'une réunion publique, François Fillon déclarait ainsi : "J'ai écrit (dans mon livre) que l'avortement était un droit fondamental. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire, c'est que c'est un droit sur lequel personne ne reviendra. Philosophiquement et compte tenu de ma foi personnelle, je ne peux pas approuver l'avortement."
"Ma conscience, ça me regarde". "Dans mon livre, j'explique que jamais on ne touchera à l'IVG. Ma conscience, ça me regarde", a-t-il justifié, jeudi. "Je suis un homme, pas une femme. Ce n'est donc pas à moi de prendre une décision personnelle sur cette question. En tant que responsable public depuis 30 ans, est-ce qu'une seule fois vous avez entendu François Fillon proposer de revenir sur l'IVG ? Évidemment, je ne toucherai à rien dans ce domaine", a-t-il assuré, se disant "blessé" par les propos tenus à son égard.
"Il y a des questions qui ressemblent à des procès". "Je trouve que le procès qui m'a été fait depuis quelques jours n'est pas correct", a ensuite lancé le Manceau. "Je n'ai fait aucun procès, j'ai juste posé une question", a alors rétorqué Alain Juppé. Réponse de l'intéressé : "Il y a des questions qui ressemblent à des procès. Sur le plan juridique, ce n'est pas un droit fondamental, c'est-à-dire que ce n'est pas inscrit dans la Constitution. C'est pour cela que ce débat est absurde et nous n'aurions pas dû l'avoir", a-t-il conclu, alors que les deux candidats avaient pris soin jusque-là d'éviter les invectives directes lors du débat.