Depuis plusieurs semaines maintenant, le chef de l'État et ses ministres tentent de faire oublier la séquence de la réforme des retraites. Emmanuel Macron se déplace et fait des annonces. Régulation de l'espace numérique, réforme de l'enseignement professionnel, plan contre la fraude fiscale… L'objectif de l'exécutif est clair : occuper l'espace politique avec de nouvelles annonces pour enterrer la réforme des retraites.
Sur ce dernier sujet, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a dévoilé le plan de bataille du gouvernement pour lutter contre la fraude fiscale. Parmi les dispositifs souhaités : une augmentation de 25% des contrôles fiscaux à destination des "plus gros patrimoines". Une annonce démagogique ou utile ? "Les deux", répond David Lisnard, maire LR de Cannes, président de l'Association des maires de France, invité d'Europe Matin mercredi.
"Il y a une forme de populisme mondain"
"Il y a une forme de populisme mondain dans beaucoup de déclarations depuis quelques mois sur l'économie. Le problème du pays n'est pas là, et quelle que soit la performance de Bercy - on sait que Bercy peut être très performant - ce n'est pas ça qui va régler nos problèmes graves de comptes publics", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1.
Le gouvernement cible ceux qu'il appelle les "ultra-riches". Un mot "connoté moralement", selon David Lisnard. "Ça flatte l'opinion, on pense qu'on va récupérer les classes moyennes comme ça mais le plus important pour les classes moyennes, c'est d'avoir une bonne affectation et utilisation de l'argent public, c'est d'avoir de la performance publique, c'est de retrouver une école publique qui soit efficace, d'avoir une politique migratoire qui ne soit pas un leurre, c'est d'avoir une politique sécuritaire qui fonctionne", a-t-il énuméré avant d'ajouter que les fraudeurs, "riches ou pauvres, doivent être sanctionnés".
D'après le maire LR de Cannes, il existe une contradiction dans l'organisation de la fiscalité française. "Tout ce système est un maquis bureaucratique, [qui] favorise les technocrates […] Gabriel Attal est dans une posture politicienne pour faire du détournement d'opinion", a-t-il conclu jugeant qu'il s'agit d'un sujet important mais "pas essentiel".