Gérald Darmanin a demandé lundi la réouverture de la mosquée de Pantin (Seine-Saint-Denis) après la démission de son recteur M'hammed Henniche que réclamait le ministre de l'Intérieur. "L'association gestionnaire de la mosquée de Pantin a changé ses dirigeants. Je demande au préfet" de Seine-Saint-Denis "de se mettre en rapport avec la nouvelle équipe pour envisager la réouverture de la mosquée dans les meilleurs délais", a écrit sur Twitter le ministre, qui avait signé il y a cinq mois un décret de fermeture pour six mois de ce lieu de culte dans le sillage de l'assassinat du professeur Samuel Paty.
M'hammed Henniche, qui était à la tête de la fédération musulmane de Pantin depuis 2013 et récemment réélu, a annoncé dimanche avoir présenté la veille sa démission au conseil d'administration de la mosquée qui a choisi de le remplacer par Dramé Abderrahman. La fermeture de cette mosquée d'environ 1.300 fidèles avait été décidée en raison du relais sur sa page Facebook de la vidéo d'un père d'élève à l'origine de l'engrenage ayant conduit à la décapitation de Samuel Paty.
Une réouverture conditionnée à des départs
Depuis cette sanction et deux recours rejetés en justice, Gérald Darmanin avait conditionné une réouverture anticipée de la mosquée aux départs de M'hammed Henniche et de l'imam Ibrahim Doucouré, déjà écarté. Le préfet de Seine-Saint-Denis, Georges-François Leclerc, avait en outre retiré en novembre à l'association qui gère la mosquée son caractère cultuel, au motif que ses activités avaient "porté atteinte à l'ordre public", selon un courrier consulté par l'AFP.
Cette mesure a rendu caduque l'attribution par la ville de Pantin d'un bail emphytéotique pour la construction de la future grande mosquée, financée à hauteur de près d'un million d'euros par des dons des fidèles.
M'hammed Henniche, qui a toujours nié les penchants islamistes que lui prête le gouvernement, s'est résolu à démissionner pour "sauver le bail emphytéotique de la nouvelle mosquée" et afin "que les fidèles puissent retrouver leur mosquée" dont la réouverture était programmée le 15 avril. Musulman conservateur de 50 ans, entrepreneur de profession, il fut pendant une vingtaine d'années un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, y compris de Nicolas Sarkozy quand il était président. Il garde ses fonctions de secrétaire général de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93).