Le sort des migrants est de retour dans le débat politique après la proposition du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, de répartir les migrants de la Jungle de Calais dans l'ensemble de la France. Pour créer des "mini-Calais" affirment plusieurs barons de la droite. C'est dans ce contexte que Nicolas Sarkozy s'est rendu dans le camp du nord de la France, mercredi. Une démarche que le président Hollande fera lui aussi lundi.
Un président de la République contre un candidat à la primaire de la droite. On appelle ça des déplacements de campagne électorale. Derrière l’enjeu humanitaire, il y a l’enjeu politique. En allant lui aussi à Calais, François Hollande va riposter face à Nicolas Sarkozy, comme il le fera à chaque fois qu’il estimera que son adversaire va trop loin. Mais est-ce bien la place du président de la République de batailler avec un candidat à la primaire de la droite ? La réponse de son staff se trouve outre-Atlantique : Barack Obama n'hésite pas à intervenir dans le débat présidentiel des États-Unis pour dénoncer les outrances de Donald Trump.
En France, on entre "dans le dur" de la campagne présidentielle. François Hollande installe un duel avec le candidat que tout le monde donne gagnant à l’Elysée depuis un moment : Nicolas Sarkozy. Un pronostic autant qu’un souhait puisque l'ancien chef d'État est considéré, à tort ou à raison, comme beaucoup moins difficile à battre qu’un Alain Juppé.
La question des migrants, un enjeu présidentiel. Face à la peur agitée par la droite autour des "mini-calais", François Hollande va assumer la politique d’accueil envers ceux qui sont éligibles au droit d’asile. C’est la raison pour laquelle, avant de se rendre à Calais la semaine prochaine, le président Hollande ira à Tours, samedi, pour visiter un des 161 centres d’accueil où 5.600 migrants ont été accueillis.
François Hollande va alors s’appuyer sur cette question des migrants pour cliver le débat politique : il va nommer la France de la peur, du repli, de l’affrontement, que Nicolas Sarkozy le premier dessine dans cette campagne, et lui opposer son idée de la France solidaire et humaniste. Une rhétorique qui s'installe dans le prolongement du discours de Wagram et de la dénonciation de l’Etat d’exception. Cette stratégie devrait l'aider, espère-t-il, à ressouder le peuple de gauche si possible derrière sa candidature.