Au lendemain de "l'acte 5" des "gilets jaunes", qui a vu une mobilisation en net recul et une journée globalement calme, la "colère jaune" reste intacte et le gouvernement doit rester prudent. "Ce n'est pas la fin de la crise qui dure depuis des années, mais c'est la fin d'une séquence", a d'ailleurs déclaré le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement Marc Fesneau.
Les annonces présidentielles posent problème. Il y avait comme un petit ouf de soulagement chez les élus En marche. "Un 'acte 5 des gilets jaunes' plus modeste était prévisible selon ce député de l'est. On ne peut pas passer sa vie sur les barrages. Il était temps que la fièvre retombe un peu". Mais point de triomphalisme.
Samedi soir, autour du président de la République, on se montrait satisfait mais prudent. Si la fièvre semble être retombée, la colère reste intacte. Et c’est maintenant que tout commence : Emmanuel Macron doit faire face à un nouveau front, celui de la haute administration, cette fameuse technocratie qui a fait passer le message. Difficile, voire impossible, de mettre en place les mesures annoncées par le président dans le temps imparti. Le discours d'Emmanuel Macron a été pris pour ce qu’il est : une déclaration de guerre aux technocrates. Et le gouvernement cherche à les contourner pour pouvoir verser dès janvier la prime de 100 euros. Peut-être en mettant à contribution les entreprises.
Les "gilets jaunes" prônent le Ricard. Quant aux nombreux appels au dialogue lancés par l'exécutif, les "gilets jaunes" y répondent avec le RICARD - le Référendum d'Initiative Citoyenne Apolitique Républicain et Démocratique. Les militants veulent mettre en place cet outil de contre-pouvoir dans lequel on peut sentir l'influence des partis extrêmes, qui ont infiltré ce mouvement. Mais il ne faut pas oublier le lieu de base de la mobilisation : les ronds-points. Ils sont peu à peu devenus des "zag", des "zones à gilets". Et ce n'est pas pour rien que Christophe Castaner a appelé à les libérer...On peut donc en conclure que pendant le dialogue, le rapport de force continue.
Reste à mettre en place les traitements de fond : la grande consultation nationale qui doit permettre de faire participer les citoyens. "Il ne faut pas que l'on se plante là dessus", avertit un parlementaire de la majorité, avant de conclure : "Si, le 20 janvier, les Français n'ont pas vu de changement dans leur quotidien, il y a un risque que la crise reparte."