Fabien Roussel, a affirmé mardi soir qu'Emmanuel Macron "envisageait" la constitution d'un "gouvernement d'union nationale". 1:44
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Jacques Serais, édité par Laura Laplaud avec AFP , modifié à
Le président de la République a passé la journée de mardi à consulter les responsables politiques des groupes d’opposition à l'Assemblée nationale. Le député PCF et ancien candidat à la présidentielle, Fabien Roussel, a affirmé mardi soir qu'Emmanuel Macron "envisageait" la constitution d'un "gouvernement d'union nationale". Quelle est l'idée derrière la tête du chef de l'État ?
ANALYSE

C’est l'énième ballon d’essai d’Emmanuel Macron. Après une première journée de consultation, c’est à son dernier visiteur, le communiste Fabien Roussel, qu’il a fait cette confidence : le chef de l'État "envisageait" la constitution d'un "gouvernement d'union nationale", afin de trouver "les voies pour sortir de la situation politique" à l'Assemblée, où il a échoué à obtenir une majorité absolue.

Une Assemblée verrouillée

Selon les informations d'Europe 1, le chef de l'État a bien évoqué cette idée et il a même testé cette piste auprès de plusieurs responsables politiques reçus à l'Élysée. Mais "cela a été abordé au même titre que plein d'autres sujets", tempère un conseiller, "à chaque fois dans des discussions à bâtons rompus." Marine Le Pen indique également qu'Emmanuel Macron a évoqué cette question avec elle. 

Un "gouvernement d’union nationale", les trois mots sont donc lâchés et le chef de l’État sait ce qu’ils vont provoquer dans le débat public. Avantage pour le locataire de l’Élysée : la jouer grand seigneur, montrer qu’il a compris le choix des électeurs et qu’il souhaite intégrer cette nouvelle donne au point de chambouler son gouvernement. Avec cette proposition, il renvoie tout simplement ses opposants à leur responsabilité.

Il sait pertinemment que ni les communistes, ni les socialistes ou les Républicains et encore moins les élus du Rassemblement national n’aspirent à travailler à ses côtés. Avec une Assemblée telle qu’elle est aujourd’hui -verrouillée- aucun parti de l’opposition ne souhaite être tenu pour responsable du bilan du président à l’issue des cinq prochaines années.

En attendant, ce coup politique peut permettre à Emmanuel Macron d’afficher une certaine image de président volontariste mais qui n’a pas les moyens de ses ambitions à cause de ses adversaires, comme pour mieux démontrer auprès des Français l’impasse de leur vote aux élections législatives. C'est la première étape d’un cheminement qui ne peut conduire qu’à la dissolution de l’Assemblée nationale.

Emmanuel Macron termine ses consultations

Le chef de l'État s'est entretenu mercredi avec le secrétaire national d'Europe Ecologie Les Verts, membre de la Nupes, Julien Bayou. "C'était un échange franc, à vrai dire, je ne sais pas bien si, au-delà des mots, il y a une vraie prise de conscience de la situation dans laquelle nous sommes... J'ai dit au président que s'il y avait un blocage, on le tenait quand même responsable", raconte-t-il.

Julien Bayou assure qu'Emmanuel Macron ne lui a pas parlé d'un éventuel "gouvernement d'union nationale" tandis que juste après lui, le chef de l'Etat a consulté son allié et ministre chargé du Commerce, Franck Riester, qui, à la sortie, a appelé à "rassembler pour agir". Faut-il y voir un nouvel indice sur ce que souhaite entreprendre Emmanuel Macron ?

Le président, qui consulte aussi Édouard Philippe ce mercredi, pourrait prendre la parole d'ici mercredi soir. L'éventualité d'une intervention télévisée aujourd'hui est sur la table alors qu'à partir de jeudi et pour une semaine, Emmanuel Macron sera à l'étranger, enchaînant tour à tour Bruxelles, Munich, Madrid et Lisbonne jusqu'à jeudi prochain.