La pénurie de carburant continue en France. Si le mouvement de grève se poursuit chez Total, il s'amplifie également ailleurs et une note du renseignement fait craindre un phénomène de contagion. Alors que les négociations entre la direction et les syndicats sont à plat, la CGT appelle également la SNCF et la RATP à faire grève mardi. Le mouvement touche aussi les chauffeurs routiers ainsi que certains salariés d’EDF dans les centrales nucléaires.
Vers un mouvement des Gilets jaunes 2.0 ?
Aujourd'hui, le mouvement fait tâche d’huile, et rend la situation politique explosive, au point que l'exécutif craint la naissance d'un mouvement d'ampleur comme celui des Gilets jaunes il y a quatre ans. La colère est aussi opportunément exploitée par les oppositions. Mathilde Panot mercredi dans une raffinerie d'Exxon, François Ruffin jeudi sur une plateforme du groupe Total : La France insoumise affiche sa solidarité avec les grévistes et réclame "la réquisition des superprofits".
"Le gouvernement a trop tardé"
Une réponse évidemment politique à la réquisition du personnel des dépôts de carburants annoncée mardi par Élisabeth Borne. La Première ministre est aussi accusée d'avoir pris du retard dans la gestion de la situation, notamment par Les Républicains. "Le gouvernement a trop tardé", estime Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. "On a, les premiers d'ailleurs, évoqué la réquisition. Simplement, il a laissé s'enkyster dans le pays un mouvement qui désormais lui échappe."
Une critique qui divise jusqu'au sein du gouvernement, partagé entre les partisans de la méthode forte et les défenseurs du dialogue social. Si les réquisitions devraient montrer leurs résultats dans les prochains jours, elles participent aussi à renforcer la mobilisation des grévistes. C'est dans ce climat social tendu que le gouvernement s'apprête à utiliser, dès le début de la semaine prochaine, le 49.3 à l'Assemblée nationale.