L'ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle Benoît Hamon considère que par son plan annoncé lundi, "le gouvernement généralise la sélection à l'université pour tous les étudiants", ce qui aura "des conséquences injustes", dans une interview au site de Libération.
"Stigmatisation de certains étudiants". "J'ai vu que la ministre veillait à utiliser des synonymes - 'prérequis', 'attendus' - pour ne surtout jamais prononcer ce mot qui fâche. Mais les annonces sont très claires" et "pour les filières dites en tension, ça pourra être carrément 'non'" pour un jeune, affirme le fondateur du mouvement M1717. Ainsi selon lui, "nous allons assister à la mise en place d'un fonctionnement à plusieurs vitesses avec le développement d'une ségrégation entre universités, et la stigmatisation de certains étudiants au lieu de les accompagner dans un parcours de réussite".
Le gouvernement "fait le choix de répondre à quelques universitaires qui ne supportent pas l'idée de devoir faire réussir des jeunes plus nombreux et aux parcours plus diversifiés qu'hier" et "ce sont les étudiants qui vont payer les pots cassés", juge Benoît Hamon. "Il est toujours plus simple de s'en prendre aux droits des plus fragiles, en l'occurrence les étudiants, plutôt que de réformer l'université, d'y modifier les parcours de formation, de mieux y préparer à l'insertion professionnelle, de moderniser la pédagogie", critique-t-il en lançant : "L'illusion d'une réforme courageuse ne résiste pas à l'examen de ses conséquences injustes".
Solutions alternatives. "Ce que veulent les jeunes et leurs familles, c'est pouvoir maîtriser leur orientation. C'est pour cela que le tirage au sort était légitimement rejeté", rappelle-t-il. Comment faire alors ? "En créant des places dans les amphithéâtres, de nouvelles salles de cours, en recrutant des enseignants", ce qui "demande des moyens" mais revient à ses yeux à "investir dans l'avenir". "Soit exactement le contraire du signal initial envoyé par le gouvernement", dénonce Benoît Hamon.