Alors que le gouvernement souhaite favoriser l'emploi des seniors en créant un index spécifique, présent dans la réforme des retraites, la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale vient de valider sa création. Cet outil va contraindre, dès 2024, les entreprises de plus de 300 salariés à rendre public un index représentatif de la part d'employés seniors dans leur structure, sous peine de sanctions financières. Invité d'Europe 1 ce vendredi, Bruno Serre, président de l'Association nationale des DRH, revient sur cet index pour l'emploi des seniors proposé par Olivier Dussopt.
"Il y a deux choses à regarder. La première, en voyant les chiffres, on constate que les entreprises ont un peu mieux appris à garder les seniors, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Par contre, elles n'ont pas vraiment encore appris à les embaucher. Le vrai drame des seniors est de perdre malheureusement son emploi à 56, 57 ou 58 ans et de devoir retrouver un travail. Alors que dans cette situation, c'est extrêmement compliqué", précise Bruno Serre.
>> LIRE AUSSI - Retraites : Olivier Dussopt favorable à élargir l'index senior aux moyennes entreprises
La France, mauvais élève de l'Europe
Malgré l'amélioration, la France reste tout de même un mauvais élève de l'Europe. En revanche, le président de l'Association nationale des DRH souligne l'importance de deux points dans l'index seniors. "Ces deux sujets, l'accès à la formation et le taux de mobilité à l'intérieur de l'entreprise, mettons à partir de 55 ans, sont sans doute des indicateurs intéressants aussi dans l'index. Pourquoi ? Car pour un salarié de 52 ans par exemple, quand on ne lui propose plus rien, il va essayer de tirer jusqu'au bout", indique-t-il. En revanche, au lieu de capitaliser sur l'expérience des seniors, les entreprises donnent l'impression d'avoir besoin de leur inculquer une formation supplémentaire.
"Avec le tutorat ou le mentorat, c'est comme si nous disions aux seniors qu'ils ne sont plus vraiment des salariés comme les autres, alors que la plupart veulent être considérés comme tout le monde. Si on regarde les entreprises qui vont proposer un autre poste à quelqu'un de 55 ou 56 ans, quitte à le mettre dans un parcours de formation dédié, la mobilité professionnelle est donc une meilleure garantie d'aller jusqu'au bout. Car le salarié est toujours dans la bonne dynamique de carrière", explique Bruno Serre. "Donc, il faut faire attention à ne pas réduire la question de l'emploi des seniors à celle du tutorat ou de la transmission. Je pense que c'est presque plus utile de suivre cela que de sanctionner les entreprises qui embauchent ou non, car les capacités ne sont pas les mêmes", conclut-il.