Manuel Valls accuse une partie de la gauche de "complaisance" avec l'islam radical. Mais pour Benoît Hamon, son adversaire lors de la primaire socialiste, l'ancien Premier ministre n'est pas légitime pour porter de telles accusations. "Il part d'un bon constat : la remontée incontestable d'un antisémitisme décomplexé dans la société française. Cette réalité-là est indiscutable, comme il y a une remontée du racisme et des comportements intolérants", reconnaît le fondateur du mouvement du 1er juillet 2017 au micro de Patrick Cohen dans Europe Matin, avant de tacler aussitôt : "Mais alors pourquoi avoir affaibli la République ? Pourquoi convoquer la République quand, soi-même, on a diminué les budgets des collectivités locales ?"
Soutenir les collectivités et les associations. "Ce qu'il faudrait, c'est soutenir les collectivités locales et moi je vois des contradictions entre les constats de Manuel Valls sur le fait que la République fait face à des dangers et en même temps les réponses qu'il a apportées", estime Benoît Hamon. Pour lui, "ce qu'il faudrait faire, c'est donner d'avantage de moyens aux associations dont on sait qu'elles font un travail remarquable dans les territoires les plus inégaux et les plus pauvres. Ce qu'il faudrait faire, c'est continuer à donner la priorité à l'école et lui donner tous les moyens à préparer les jeunes, pas seulement à avoir un métier, mais aussi à s'ouvrir des perspectives pour toute la vie, c’est-à-dire une vraie éducation humaniste".
Manuel Valls, soutien de la majorité. Pour l'ancien socialiste, "il n'y a pas aujourd'hui de complaisance à l'égard de l'islam radical" dans les rangs de la gauche, contrairement à ce qu'affirme Manuel Valls. "On peut connaître quelques individualités, mais cette bataille-là, à mes yeux, n'est pas la bonne bataille", déclare-t-il, en dénonçant une attaque politique de la part de Manuel Valls. "En même temps, le problème de Manuel Valls, c'est qu'il n'a plus d'adversaire qu'à gauche. Il s'en prend régulièrement à d'autres personnalités de gauche, on l'entend un peu moins s'en prendre à la droite. On le voit très bien dans un gouvernement Macron […]", estime encore Benoît Hamon, qui laisse sous-entendre que le député de l'Essonne aspire à de nouvelles fonctions. "Il vote une réforme de l'université qui installe l'inégalité au cœur de l'enseignement supérieur, il vote pour la suppression de l'ISF. Il milite aujourd'hui lui-même pour un projet qui est très inégalitaire", pointe-il.
Le bilan de l'ancien Premier-ministre. "Dégrader le financement des collectivités locales c'est abandonner le terrain, c’est organiser le désarmement unilatéral de la République face aux menaces qui pèsent sur elle. C'est la raison pour laquelle je dis qu'aujourd'hui Manuel Valls devrait s'interroger sur son bilan de Premier ministre", renchérit Benoît Hamon, qui dénonce notamment la déchéance de nationalité, une proposition défendue par l'ancien exécutif face à la menace terroriste et dont les détracteurs lui reprochaient d'institutionnaliser une inégalité entre les citoyens français. "Objectivement, Manuel Valls n'est pas très bien placé pour défendre la République", conclut-il.
>>> Retrouvez ci-dessous l'intégralité de l'interview de Benoît Hamon par Patrick Cohen :