«Je ferai tout ce que je pourrai» : le gouvernement veut rassurer les agriculteurs avant une nouvelle mobilisation

© Ludovic MARIN / AFP
  • Copié
avec AFP
Après avoir affirmé à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen que la France n'accepterait pas l'accord de libre-échange UE-Mercosur "dans les conditions actuelles", Michel Barnier a assuré, ce vendredi 15 novembre,  aux agriculteurs qu'il "ferai tout ce qu'il pourrait" pour tenir ses promesses. 

Le gouvernement a cherché vendredi à rassurer les agriculteurs en difficulté en précisant les modalités des prêts auxquels ils pourront prétendre avant un nouveau cycle de mobilisation du secteur qui débutera lundi.

 

Des annonces "qui vont incontestablement dans le bon sens"

"Je ferai tout ce que je pourrai" et "toutes les promesses faites aux agriculteurs qui ont manifesté en début d'année seront respectées", a assuré le Premier ministre Michel Barnier sur le réseau de radios locales France Bleu, en marge des Assises des départements à Angers. Le chef du gouvernement a redit son opposition à l'accord commercial entre l'Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur, alors qu'Emmanuel Macron entend plaider à partir de samedi en Amérique latine contre la possible signature prochaine de cet accord de libre-échange controversé et particulièrement redouté par les agriculteurs français.

Le ministère de l'Agriculture a de son côté précisé les modalités des prêts bonifiés, une demande pressante des organisations syndicales qui ont salué ces mesures tout en exigeant leur mise en place "urgente". Deux dispositifs seront mis en place sous forme de prêts distribués par les banques souhaitant participer, indique le ministère de l'Agriculture dans un communiqué alors que le monde agricole s'apprête à lancer une vaste mobilisation au nom de sa survie. Des annonces "qui vont incontestablement dans le bon sens", a réagi l'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs dans un communiqué.

 

Mise en place de prêts

Selon le ministère, un premier dispositif est pensé pour faire face aux difficultés conjoncturelles (aléas climatiques ou sanitaires), sous forme de prêts de moyen terme plafonnés à 50.000 euros par exploitation. Seront éligibles les agriculteurs ayant perdu au moins 20% de leur chiffre d'affaires en 2024 par rapport à leur moyenne historique de référence. "Grâce à un effort partagé entre la banque prêteuse et l'Etat", le coût de ce prêt atteindra des taux d'intérêt maximum de 1,75% pour un prêt de 24 mois et 2,35% pour un prêt de 36 mois, est-il précisé. Une bonification supplémentaire sera octroyée aux jeunes installés depuis moins de cinq ans.

Le ministère affirme que ces prêts seront mis à disposition "dans les plus brefs délais", après un appel à manifestation d'intérêt auprès des banques. Une second dispositif concernera les difficultés "plus structurelles du fait, par exemple, de l'impact du changement climatique". Elle prendra la forme de "prêts de consolidation à long terme (maximum 12 ans)", octroyés par les établissements bancaires et adossés à une garantie publique déployée par Bpifrance.

Le montant de ce prêt sera plafonné à 200.000 euros. Le dispositif de garantie sera opérationnel début 2025. Y seront éligibles les agriculteurs dont le taux d'endettement global est supérieur à 50%. "Grâce à cet effort exceptionnel de l'Etat et des banques, les agriculteurs les plus en difficulté pourront surmonter des situations financières qui, sans cela, auraient pu se révéler dramatiques", a commenté la ministre Annie Genevard, qui a réuni vendredi les principaux établissements bancaires. Le communiqué gouvernemental ne précise pas le coût de ces opérations pour les finances publiques.

Urgence

Jeunes Agriculteurs et la FNSEA "demandent au gouvernement que ces mesures soient mises en place de manière urgente au niveau local" et "continuent de porter la demande d'un accompagnement spécifique via le FAC" (fonds d'allègement des charges) pour évaluer les situations les plus complexes et les accompagner de manière plus appuyée. Moins d'un an après un mouvement inédit de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d'autoroutes dans le pays, les principaux syndicats agricoles appellent leurs troupes à manifester à nouveau.

Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, ils estiment n'avoir toujours pas récolté les fruits de la mobilisation de l'hiver dernier: la concrétisation des 70 engagements alors pris par le gouvernement Attal a été ralentie par la dissolution de l'Assemblée nationale. Et ils jugent les normes toujours aussi complexes, et les revenus insuffisants.