"Lui l’homme de l’ombre, je ne le voyais pas à un poste si exposé", racontait le maire de Quimper Bernard Poignant au JDD, à propos de Jean-Jacques Urvoas, qui lui annonçait il y a 15 ans qu'il souhaitait devenir député du Finistère. Aujourd'hui, Jean-Jacques Urvoas, président de la Commission des Lois à l'Assemblée, est sur le point de devenir ministre de la Justice, après la démission de Christiane Taubira. Un poste surexposé médiatiquement et affecté au suivi des plus importantes réformes de cette fin de quinquennat. Est-il à la hauteur ? Europe 1 fait les présentations.
Le "Monsieur sécurité" du PS. Jean-Jacques Urvoas ne l'a jamais caché : il aurait aimé être "ministre de l'Intérieur". Mais le voici désormais à la Justice. Or, le "Monsieur Sécurité du Parti socialiste", dixit Le JDD, a en effet plutôt un profil adapté à la place Beauvau. Embauché en 2008 comme secrétaire nationale à la sécurité par Martine Aubry pour gommer l'aspect angélique du PS, il n'a cessé d'aller dans ce sens. On lui doit notamment l'ébauche de la création des Zones de sécurité prioritaires, mises en place à l'été 2012, permettant d'accroitre les moyens policiers dans certaines zones sensibles. "Il a vraiment pris goût à la matière et vite progressé, vite lu, vite appris", confiait au JDD, en 2011, Yannick Danio, le porte-parole du syndicat Unité SGP Police, majoritaire dans la police nationale.
Cette casquette "sécuritaire", d'ailleurs, risque de lui jouer des tours pour convaincre à gauche. Jean-Jacques Urvoas fut notamment le rapporteur du projet de loi sur la loi renseignement, accusée par certains de donner trop de pouvoir aux services secrets dans la surveillance d'internet. "Celui qui se battait à nos côtés contre l’arbitraire vient de lui confier des pouvoirs exorbitants", déplorait récemment Marie Crétenot, de l’Observatoire international des prisons, citée par Libération.
Maître de conférences en Droit. Mais celui qui est député du Finistère depuis 2007 n'est pas non plus un novice de la justice. Maître de conférences en droit public à Brest, ce juriste de formation a aussi enseigné le droit constitutionnel pendant près de dix ans. Et à droite comme à gauche, on lui reconnaît sa proportion à se mettre au travail. "Il ne boit pas d’alcool. Il est fou de Mylène Farmer et de son obsession du contrôle, la même que la sienne, qu’il surjoue un peu. Il ne peut prononcer un discours sans l’avoir entièrement écrit, jusqu’à la phrase qu’il prévoit de faire sauter en cas d’ennui de l’auditoire", décrit Libération. Et de citer "un vieux copain banquier " : "Lui, c’est 'no sport', comme Churchill. Il ne lit que des essais et quelques romans policiers. Le dimanche, il répond à ses mails professionnels".