"L'école est à la pointe du progrès social dans notre pays", a déclaré le ministre de l'Éducation nationale lors de son allocution rituelle. A quelques jours de la rentrée, le 2 septembre, des quelques 12,4 millions d'élèves et 870.000 enseignants, il a défendu ses réformes qui s'articulent autour de trois défis majeurs : "le défi de l'égalité des chances, le bien-être au travail des personnels, et le grand défi de l'avenir, la question environnementale".
L'année 2019-2020 sera placée "sous le signe de la maturité et de la réussite", a déclaré le ministre lors de sa conférence de presse, organisée dans le jardin du ministère pour illustrer une volonté d'agir en faveur du développement durable. Dans cette même veine, il a annoncé que 250.000 "éco-délégués" seraient nommés - un par classe au collège et au lycée - pour favoriser la mise en oeuvre d'actions concrètes dans les classes.
"Priorité" sur l'école primaire
L'école primaire reste la "priorité" du gouvernement, a souligné Jean-Michel Blanquer, comme l'illustre la mesure-phare de sa loi "pour une école de la confiance" votée cet été : l'abaissement à trois ans de l'âge de l'instruction obligatoire, contre six aujourd'hui. La mesure ne concernera que 2,5% d'enfants mais c'est un enjeu important pour des territoires comme Mayotte ou la Guyane.
Par ailleurs, la réduction des effectifs dans les classes de CP et CE1 des quartiers défavorisés s'achève. "300.000 élèves s'apprêtent à être concernés" et ils devraient être 450.000 d'ici la fin du quinquennat, le président Emmanuel Macron ayant annoncé au printemps qu'elle serait étendue progressivement aux classes de grande section en éducation prioritaire. "C'est une bonne nouvelle mais on va demander au ministre comment il compte faire, car il ne va pas falloir gonfler les effectifs des autres classes", a prévenu lundi Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, le premier syndicat des enseignants du primaire.
"L'égalité des chances passe aussi par la scolarisation des enfants en situation de handicap", a souligné le ministre, rappelant que 4.500 accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) supplémentaires ont été recrutés. Mises en place l'an dernier en CP, CE1 et 6ème, les évaluations des élèves, très décriées par une partie des professeurs, sont maintenues mais revues pour tenir compte des critiques.
"Tourner la page"
Autre chantier du gouvernement : la délicate réforme du bac, qui doit être effective en 2021. Cette réforme, qui réduira le nombre d'épreuves finales au profit du contrôle continu, s'accompagne d'une refonte de l'enseignement au lycée. Cette année, les séries (L, ES et S) sont supprimées en classe de Première et remplacées par des enseignements de spécialité.
La réforme a cristallisé les oppositions de ceux qui craignent l'instauration d'un examen "local" et non plus national, jusqu'à rejaillir fin juin sur le bac, entaché par une grève des correcteurs. En cette rentrée, le ministre semble alors jouer la carte de l'apaisement. "Il est temps de tourner la page de la crise du bac, de passer à autre chose", a-t-il ainsi affirmé
Améliorer le bien-être des enseignants
Lors de son allocution, Jean-Michel Blanquer a longuement insisté sur la nécessité de renforcer le bien-être des professeurs. Accusé à maintes reprises par les syndicats de rester sourd à leurs revendications, le ministre a souligné "la nécessité de travailler en profondeur avec les partenaires sociaux". En vue de la réforme des retraites qui pourrait notamment pénaliser les enseignants, il s'agira donc de "revaloriser cette profession", a-t-il assuré. Les professeurs, eux, espèrent obtenir rapidement des revalorisations salariales.
Il a notamment détaillé les mesures du plan sur les violences à l'école, repoussé à maintes reprises : à la rentrée un accompagnement personnalisé des profs victimes de violences est mis en place. Les élèves hautement perturbateurs et "poly-exclus" de différents établissements pourront être affectés en classes relais, sans avoir besoin de l'accord de la famille. Ce plan avait été promis en octobre dernier, après la vidéo montrant un élève en train de menacer sa professeure avec une arme factice dans un lycée de Créteil, dans le Val-de-Marne.