Alain Juppé, favori de la primaire de la droite, a jugé jeudi "suicidaire" l'idée de refuser le soutien de François Bayrou, sans lequel son camp offrira selon lui la première place à Marine Le Pen au premier tour en 2017, tout en assurant n'avoir rien promis au centriste en échange de son soutien. "Je ne lui ai rien promis, il ne m'a rien demandé" a-t-il souligné.
"Un problème politique majeur" pour Sarkozy. Le cas du président du MoDem, qui empoisonne la campagne à droite depuis une dizaine de jours, a animé le second débat entre les sept concurrents, en particulier entre le maire de Bordeaux et Nicolas Sarkozy, qui en a fait son principal angle d'attaque. "Ce n'est pas une polémique, c'est un choix politique majeur", a estimé l'ex-président lors de ces échanges retransmis sur BFM TV et iTÉLÉ. Il a répété ses critiques à l'endroit du maire de Pau, honni par les sarkozystes depuis son vote en faveur de François Hollande au second tour de la présidentielle de 2012 et considéré comme le gage d'une "alternance molle".
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"Une tête de Turc" selon Juppé. "Je suis très surpris de cette fixation sur le cas de François Bayrou", a réagi Alain Juppé. "Cette attitude est suicidaire, partir en guerre comme ça contre une tête de Turc (...). Elle est suicidaire, parce que c'est offrir sur un plateau à Marine Le Pen la première place au premier tour de l'élection présidentielle", a ajouté l'ex-Premier ministre. "Je veux rassembler la droite, le centre, les déçus du hollandisme (...) ainsi que les déçus du Front national", a poursuivi le maire de Bordeaux. Il a par ailleurs dressé un parallèle avec l'ouverture à des personnalités de gauche pratiquée par Nicolas Sarkozy après sa victoire en 2007.
"Annoncer la couleur avant l'élection, ça me paraît plus loyal que d'attendre le lendemain de l'élection pour faire entrer des ministres appartenant au Parti socialiste et qui tout d'un coup rejoignent le gouvernement sans que les électeurs en aient été prévenus", a-t-il lancé.
Les autres candidats bottent en touche. Les autres candidats ont également exprimé leur avis sur la question, le plus souvent pour la juger dérisoire au regard des enjeux de la primaire. "Six millions de chômeurs, 100% de dette, le totalitarisme islamique qui frappe à notre porte et le sujet majeur de la campagne des primaires, c'est le sort du maire de Pau. C'est le retour à la République des partis, c'est le retour aux petits arrangements électoraux", a déclaré François Fillon. "Je ne rentre pas dans ce pugilat", a poursuivi l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. "Je trouve très surprenant le temps que nous accordons à François Bayrou. Il est, pour moi, le complice de l'élection de François Hollande à la présidence de la République en 2012", a estimé pour sa part Bruno Le Maire. "Cela fait plusieurs minutes que j'ai décroché", a même avoué Nathalie Kosciusko-Morizet.