Le ton monte entre Alain Juppé et François Fillon. Le maire de Bordeaux a accusé mardi soir François Fillon, son rival pour l'investiture présidentielle à droite, d'engranger des soutiens à l'extrême droite, ce que dément catégoriquement l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Celui qui aborde le second tour de la primaire en position de faiblesse avec 28,6% des voix face aux 44% de François Fillon, est passé à l'offensive contre ce dernier en l'attaquant sur son programme économique, jugé "brutal" et "irréalisable", et en le priant de clarifier sa position sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé, qui ont apporté leur soutien au maire de Bordeaux, étaient présents à ce premier meeting de l'entre-deux-tours, pour louer l'efficacité et les qualités de rassembleur de leur nouveau champion.
"Les soutiens de l'extrême droite arrivent en force". Evoquant lors de son meeting "la reconstitution de l'équipe 2007-2012", Alain Juppé a dit : "J'observe que depuis quelques jours d'ailleurs les soutiens de l'extrême droite arrivent en force pour cette équipe". Interrogée, son équipe a cité les noms de Jacques Bompard et de Carl Lang, ancien secrétaire général du FN et président du Parti de la France, qui a souhaité dimanche "confirmer au deuxième tour le rejet d'Alain Juppé". Mais Carl Lang a précisé à l'AFP qu'il n'entendait pas voter dimanche. Un autre groupe d'extrême droite, Riposte laïque, a lancé un appel contre le maire de Bordeaux mardi : "pour contrer le vote musulman, votons Fillon en masse!".
Fillon réplique. François Fillon a dénoncé sur BFM TV un argument qui "n'a aucun sens". "Ça me déçoit, parce qu'Alain Juppé, je pensais que c'était quelqu'un qui avait une grande honnêteté intellectuelle et avec lequel j'ai toujours été capable de travailler", a-t-il réagi. "Je n'ai aucune alliance avec l'extrême droite, j'ai toujours combattu l'extrême droite et je continuerai. Et d'ailleurs je pense même que le programme que je propose est justement le seul qui peut permettre d'éviter l'extrême droite", a-t-il souligné. "Parce que si on continue avec des programmes qui au fond ne changent pas profondément la vie des Français (...), on va finir par avoir l'extrême droite", a-t-il poursuivi en évoquant implicitement le projet d'Alain Juppé.
"Je n’ai jamais promis la Lune". Le maire de Bordeaux a ensuite attaqué les propositions "irréalistes" de François Fillon, dont il a moqué la "rupture" supposée : suppression de 500.000 postes de fonctionnaires en cinq ans, passage de 35 heures à 39 heures dans la fonction publique, hausse de la TVA. "Je n'ai jamais promis la lune et je ne transigerai pas", a-t-il lancé en conclusion.